L'Homme approximatif , 1925-1930
de Tristan Tzara

critiqué par MOPP, le 31 mars 2005
( - 87 ans)


La note:  étoiles
L'ampleur verbale
Tristan TZARA est connu comme étant un des leaders du DADAISME, mouvement qui prônait, au départ, la destruction de la poésie classique et/ou traditionnelle.

Cette entreprise de démolition faisait suite aux atrocités de la guerre 1914-1918 : la preuve que la politique est partout, même si on souhaite l'ignorer parfois.

Dans ce recueil, le poète a gagné en maturité, même s'il n'est pas encore domestiqué, ni ne le sera jamais ! Nous trouvons un très long poème, mais c'est plus qu'un poème, c'est une remise en cause de la linguistique, c'est une mise en accusation : ici, le poète crée un nouveau langage ayant fait table rase des techniques littéraires du passé.

A première vue on pourrait penser qu'il extrait les mots d'un chapeau et qu'il les dispose arbitrairement dans son texte et pourtant quelle richesse étonnante dans ces associations d'images, quelle poésie largement OUVERTE, puisqu'elle offre au lecteur la possibilité d'interpréter, à sa façon, le texte présenté.

Cette entreprise poétique est certes complexe, mais le lecteur attentif voit apparaître un chant qui s'organise par le retour, par exemple, de groupes verbaux.

L'ampleur verbale est conquise et de quelle manière ! "dans une autre langue que celle dont nous sommes couverts", écrit T.T.

Les thèmes de la solitude et de la mort sont présents dans cette oeuvre, mais le poète reste fidèle au monde de la réalité, à l'arbre, au rocher, à l'eau, "où à chaque pas le problème de notre réalité effleure la colère des raisons d'azur et de folie", poursuit-il.

L'auteur ne parle pas, c'est plutôt son texte, mieux telle goutte de sang, telle tronc d'arbre, tel caillou...

Et c'est ainsi que la poésie a été libérée de ses carcans et de ses mondanités, conclut Hubert JUIN, le préfacier.

L'homme est approximatif, car il ne peut vivre que dans l'insécurité.

"ou magnifique ou misérable !"

Je ne serais pas honnête si je n'avouais pas que je dois beaucoup à ce poète, c'est lui qui m'a montré la voie, celle de la liberté.

Je terminerai par une magnifique image de cet auteur hors norme(s) :

"la pluie a fui pagayeuse de blanc"...

N'hésitez pas, lisez ce livre, afin de vous sentir mieux.

Bien entendu, c'est de la poésie, ce n'est pas un roman, à moins que la vie n'y soit cachée, et la philosophie, et la politique, et...

Merci de m'avoir lu.
Mouvement 10 étoiles

Mouvement littéraire qui ne s'en veut pas un. Ce livre n'est un bonheur que si l'on connaît le dadaisme et ses principes. C'est d'ailleurs Tzara lui même qui a créé le mouvement. Une poésie à lire pour ceux qui n'ont pas peur de la déstructuration et de l'aventure.

Pluirelle - - 42 ans - 27 octobre 2005