L'homme du Labrador
de Bernard Clavel

critiqué par Tistou, le 30 mars 2005
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Labrador. Pas le chien!
B. CLAVEL s'intéresse davantage aux gens du peuple, comme vous et moi (enfin après tout?), qu'aux riches et puissants qui peuplent nombre de romans et polars courants.
C'est le cas encore ici. C'est le cas de Nelly, serveuse anonyme, exilée de son Jura dans le LYON populaire, pour travailler dans un café sans trop d'avenir, un café comme nous en connaissons tous au coin de chez nous (encore que des cafés où un minimum d'humanité règne, ça peut se faire rare!), à servir les mêmes éternels clients, à loger dans une piaule minable (une souillarde dans le langage Clavelien, très Clavelien!) ...
Alors quand il se pointe l'homme du Labrador, impressionnant d'assurance, paré de l'aura de celui qui vient de loin, qui a "vécu" (tout ce que ne font justement le commun des clients de ce café), Nelly, comme les habitués du café craquent. L'homme du Labrador en une journée fait passer une tempête d'aventures et de jouvence dans ce coin recroquevillé Lyonnais et tous perdent un peu leur repère. Nelly particulièrement puisqu'en prime elle devient raide amoureuse (et plus car affinités) de son homme du Labrador.
CLAVEL en profite pour traiter très justement l'aspect sociétal d'un petit coin Lyonnais, décrire l'ascendant que peut prendre un homme déterminé avec un bagout adapté, ...
Il fait cela très bien. Doux-amer ce roman. Ce n'est pas le genre de choses qui doit pouvoir s'exporter aux Etats Unis, par exemple. Et pourtant ça vaut largement les turpitudes qu'on nous envoie de là bas de gens riches, beaux et puissants. Et c'est notre réalité à nous, habitants de la Vieille Europe (si, si jevous assure, elle est vieille! C'est d'ailleurs pour cela que l'Homme du Labrador n'a pas de mal à embobiner son auditoire!).