Le vin de la jeunesse
de John Fante

critiqué par Tistou, le 28 mars 2005
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Nouvelles.
Excellent recueil de nouvelles que ce "Vin de la jeunesse", nouvelles centrées exclusivement sur l'enfance américaine d'un jeune garçon d'origine italienne dans son pays d'adoption, les USA. Thèmes récurrents : la honte de ses origines du jeune garçon, Dago Red, son éducation dans une école religieuse, ses rapports conflictuels avec la-dite religion (catholique s'entend), la condition peu enviable de la maman, Mamma italienne comme il se doit, copieusement traitée par dessus la jambe par son macho de mari et par ses enfants, l'importance du base-ball et du football américain dans l'éducation de base d'un jeune gars américain (et à fortiori d'un jeune gars d'origine italienne qui veut nier ses origines à tout prix), la difficulté du rapport père (immigré italien maçon macho)/fils (qui rejette son identité américaine et qui va à l'Université) ...
Très très riche comme vous pouvez l'imaginer. Le tout raconté dans une langue directe, très accessible, mais qui ne cède pas à la facilité. Pas de doute, FANTE c'est du tout bon!
En bonus! également quelques nouvelles, toujours brodées sur les mêmes thèmes ci dessus mais dans lesquelles Dago Red n'est plus LE protagoniste. Comme des esquisses de ce qui précède, ou des variations avec d'autres personnages, plus âgés ou d'autres origines, mais toujours avec les mêmes préoccupations.
Quelque part, j'oserais la comparaison avec la manière du "Petit Nicolas" : un personnage qui revient régulièrement dans des petites histoires avec des acolytes qu'on retrouve récuremment. Sauf. Sauf qu'il s'agit de FANTE, de Dago Red, et que manifestement il règle des comptes avec nombre de situations réelles qui l'ont fait souffrir enfant. Allez, c'était juste une comparaison!
D’un autre siècle 5 étoiles

De gentils souvenirs d’enfance d’un temps où les pires méfaits des jeunes chenapans étaient de mâcher du chewing-gum et faucher des bricoles. L’emprise du carcan catholique rend ces chroniques intéressantes, mais c’est un thème que j’avais déjà rencontré souvent en littérature irlandaise. Donc, en somme, je me suis ennuyé.

Il faut dire que je m’attendais à quelque chose de plus irrévérencieux.

La traduction comporte des lacunes mais dans l’ensemble l’écriture est correcte bien que toute forme de poésie ou lyrisme soit absente.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 6 février 2009


Un excellent roman du père spirituel de Charles Bukowski 10 étoiles

Depuis quelques mois fleurissent sur quelques blogs, ici ou là, les billets à la gloire de John Fante.
De quoi nous aiguillonner pour ressortir de la poussière des étagères un ou deux volumes (il y en a 12 dans notre bibliothèque !) des oeuvres de cet italo-américain connu pour être le père spirituel de Charles Bukowski (oui, on l'a aussi ressorti celui-là ! et on en reparlera).
Sympathique surprise que de relire cet auteur découvert il y a maintenant près de ... 20 ans !
La poussière n'était finalement que sur la couverture et la prose est toujours aussi vive (un de ses romans les plus connus s'intitule ... Demande à la poussière !).
Il y a grosso modo deux grandes périodes dans l'oeuvre de Fante.
Une série de bouquins sur son enfance dans le Colorado, celle d'un fils d'émigré italien.
Une autre série sur sa vie d'adulte à Los Angeles, celle d'un écrivain maudit à la recherche perpétuelle de l'inspiration. C'est bien sûr cette seconde partie qui se rapproche le plus de l'oeuvre de Bukowski.
Mais avouons tout de suite qu'on a un penchant pour sa famille italienne de Denver.
Comme dans Le vin de la jeunesse, John Fante n'est jamais aussi bon que lorsqu'il décrit sa famille plus ou moins imaginaire, plus ou moins autobiographique.

Son éducation chrétienne de mauvais garçon chez les bonnes soeurs.
[...] On doit étudier longtemps avant de devenir nonne pour de bon. Alors on vous coupe les cheveux, vous portez des robes noires et vous ne pouvez plus ni vous marier ni vous marrer. Votre mari s'appelle Jésus. En tout cas, c'est ce que m'a dit Soeur Delphine.

Son père, poseur de briques, cloué à la maison l'hiver lorsque la neige arrête les chantiers. Porté sur la bouteille plus que sur la religion.
[...] « Pourquoi ne nous accompagnes-tu pas à la messe ? » elle lui demandait souvent.
« Pourquoi donc ? »
« Pour adorer Dieu. Pour donner le bon exemple à tes enfants. »
« Dieu voit ma famille dans l'église. Ça suffit. Il sait que je vous y envoie. »
« Ce serait peut-être mieux si Dieu t'y voyait aussi ? »
« Dieu est partout, alors pourquoi devrais-je aller le voir dans une église ? »

Sa mère résignée dans sa cuisine.
[...] Et puis j'aurais eu l'air de quoi si Soeur Agnès était venue chez nous ? Notre maison ne paie pas de mine. La Soeur nous aurait pris pour des pauvres dès le début du repas. Ma mère aurait fait des macaroni. La Soeur aurait trouvé ça complètement loufoque. En plus, nous n'avons pas de nappe. Ma mère étale des journaux sur la table. Elle place les bandes dessinées sous l'assiette de mon frère, et les résultats des matches sous la mienne.

La difficile intégration de ces immigrés dans le creuset de l'Amérique.
[...] Ma grand-mère m'a appris à parler sa langue maternelle. À sept ans, je la connais plutôt bien, et avec elle je parle toujours italien. Mais quand je suis avec des copains et que j'ai douze ou treize ans, je fais semblant de ne pas comprendre ce qu'elle me dit, une grimace crispe mon visage; je ne veux surtout pas que mes copains se doutent que je parle une autre langue que l'anglais.

John Fante excelle dans l'art de la nouvelle et ses quelques romans (comme celui-ci) sont façonnés de courts chapitres qui sont comme autant d'images rapides, sèches, directes, comme autant de tranches de vie de ces italiens égarés au pied des montagnes enneigées d'Amérique.

[...] En plus, nous n'avons pas de nappe. Ma mère étale des journaux sur la table. Elle place les bandes dessinées sous l'assiette de mon frère, et les résultats des matches sous la mienne.
C'est ce sens inné de la chute, dans un paragraphe, un chapitre, une nouvelle, qui fait que l'écriture de John Fante va droit à l'essentiel, à ce qu'il y a de plus humain.

BMR & MAM - Paris - 64 ans - 17 février 2008


le vin des autres 10 étoiles

C’est avec l’un des premiers de Fante que je termine son cycle de dix livres autobiographiques. Qu’il ait été Arturo Bandini, Dominic Molise et qui encore, John Fante n’aura raconté qu’une seule et même histoire, la sienne. Pas surprenant qu’il soit si vrai et touchant.

En lisant ces récits de jeunesse, je me demandais – alors que j’essayais en vain de me rappeler de la mienne – à quel point Fante a inventé ces histoires. Peut-on vraiment se rappeler à ce point d’anecdotes de notre enfance? Ça ne sert à rien d’essayer de répondre à cette question sans être déçu au bout du compte. Quoique, à vivre une jeunesse ponctuée à ce point par la religion, y’a peut-être matière à avoir des repères à se rappeler toute sa vie.

La religion occupe la plus grande partie des textes de ce recueil. La religion comme planche de salut, mais aussi la religion comme structure autoritaire, juste derrière le père athée, qui envoie sa femme et ses enfants « le représenter » à l’église. Sous les coups de lanière de cuir du père, à genoux au confessionnal devant un prêtre un peu trop au fait de sa vie privée, sous les insultes racistes des « vrais américains » , faisant parure pour qu’on ne décèle rien du réel état de pauvreté de la famille, le jeune Fante fait ses mauvais coups tout en gérant ses chances de salut. Et recommence une fois l’absolution donnée.

Dans une langue brève qui se situe du côté de l’enfant (plutôt que de l’adulte qui se remémore) sans jamais tourner bidon, Fante livre ces récits d’enfance de façon toute naturelle, en équilibre sur la mince ligne qui sépare l’amour de la haine, tant de son père que de la religion.

Y’a vraiment de grands moments dans ces histoires.

Grass - montréal - 47 ans - 10 septembre 2007


Lumineux 8 étoiles

Un très bon recueil de nouvelles, typique de la littérature américaine comme je l'aime. Ça se laisse lire merveilleusement bien.

Janiejones - Montmagny - 39 ans - 9 mai 2007