Zola
de Henri Barbusse

critiqué par Ardigazna, le 28 mars 2005
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Un portrait éblouissant
En 1932, l’auteur du Feu publie un ouvrage évoquant un Emile Zola évoluant dans un Paris éblouissant de réalité, de 1869 à 1902, et dans son cercle d’amis : Cézanne, Alphonse Daudet, Huysmans, Paul Bourget,... Partant d’une analyse richement documentée, Henri Barbusse commence par retracer le parcours idéologique de Zola qui l’aménera au naturalisme, puis propose à son lecteur trois niveaux de lecture différents. En effet, si souvent l’auteur engagé n’hésite pas à se positionner par rapport à Zola, il s’efface en général devant cet écrivain auquel il réussit à donner vie, tantôt en le montrant de l’extérieur comme pour un personnage par une focalisation externe, tantôt en lui prêtant paroles et réflexions en tant que narrateur, par une focalisation interne. Cette introspection lui permet de développer les ambitions littéraires de Zola par rapport aux monstres sacrés de l’époque - Balzac, Flaubert ou Hugo-, qui l’amèneront à écrire son Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire, dont l’Assommoir sonnera le toscin du succès. D’abord grand admirateur de l’écrivain de « l’odeur du peuple » mais resté critique vis-à-vis de son refus d’aller jusqu’au bout de sa logique sociale, Henri Barbusse est conquis en 1898 par l’homme tout entier qui a su s’élever contre l’injustice de l’affaire Dreyfus. Préfacée par le directeur des Cahiers Henri Barbusse lui-même écrivain engagé, cette biographie fouillée écrite par « le Zola des tranchées » est à lire comme un formidable roman dépeignant le parcours de l’un des plus grands écrivains français.