Les Naufragés
de Hernán Neira

critiqué par Sahkti, le 25 mars 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Etre prisonnier d'une île
Le héros du récit devient gardien de phare sur une île totalement perdue. Une île étouffante dont on a l'impression de ne pas s'échapper. C'est d'ailleurs un peu ce que recherche cet homme, fuyant une civilisation fatigante, mais petit à petit, la vie devient oppressante. Fuir à nouveau, c'est ce qu'il faudrait faire. Seulement notre homme rencontre une femme, elle aussi envoûtante comme l'île. Comme si chacune lui jetait un sort. Neira traduit cet enfermement avec un grand talent, on devinerait presque les bras de l'île retenant le gardien du phare et l'âme de cette fille très bizarre hypnotisant son esprit. Il se dégage du récit une atmosphère assez étrange, pesante, par moments effrayante tant on se sent à son tour enfermé dans quelque chose qu'on ne contrôle pas ou plus. Le principal protagoniste doit rester à terre, or personne ne l'aime particulièrement et même sa compagne finit par s'en éloigner. Il y a au-dessus de tout cela une volonté invisible qui guide les êtres et en fait ce qu'elle veut.
Hernan Neira joue avec tout cela, il nous promène et torture mentalement sous nos yeux ses personnages. et le lecteur, assiste, impuissant et envoûté, à cette situation qu'il ne peut démêler et qui finit par déranger, on se sent manipulé, plongé dans un univers étrange qui pourrait rendre fou.
J'ai aimé. Beaucoup. La subtilité de Neira, la souffrance de ses pions humains et cette sensation d'étouffement qui arrive très vite et ne repart que bien longtemps après la fermeture du livre. Une belle écriture, dense, emportée, presque lyrique.