Women
de Charles Bukowski

critiqué par Ambrosia, le 25 mars 2005
(TOURS - 55 ans)


La note:  étoiles
au delà de la vulgarité...
je viens de finir ce livre qui m'a été conseillé par un ami homme, et au-delà de la vulgarité première du livre, des scènes crues, des mots crus et dérangeants d'un homme qui collectionne les aventures amoureuses et qui ne peut dire non au sexe avec une femme, j'ai découvert un auteur touchant et franc, honnête et sentimental...
ceci peut paraître bien contradictoire et pourtant, l'impression que me laisse se livre est poétique... je m'en étonne moi-même car le thème du livre n'est pas ce que j'aime habituellement, mais force est de constater que j'ai aimé ce livre, qu'il m'a fait réfléchir sur l'homme, sur les hommes, sur leurs envies de sexe, sur leur vision de la femme, sur leurs sentiments aussi.
Charles Bukowski est je pense un être maladroit qui a dû souffrir avec les femmes et qui nous transmet comme il le peut son envie de satisfaire la femme, son envie de communion avec elle, en faisant abstraction de tout ce qui peut être gênant et pénible chez elle...
Nous les femmes 9 étoiles

Ce roman parle des femmes, plus précisément de celles qui ont croisé le chemin d'Henry Chinaski, le double littéraire de Bukowski.

Il ne faut pas se fier à l'avertissement du début ("Ce roman est une oeuvre de fiction. Toute ressemblance avec une ou des personnes vivantes ou mortes serait purement accidentelle") : Tous les personnages défilant dans ce récit sont les portraits crachés des femmes ayant partagé la vie du vieux dégueulasse à partir des années 70, début de sa période "vieux bandard fou" (la cinquantaine grisonnante et bedonnante, un succès littéraire grandissant et une envie folle de rattraper toutes ces années passées sans contact avec le sexe féminin).

Au fil des chapitres, on fait donc connaissance avec les femmes de sa nouvelle vie : groupies le bombardant de lettres enflammées, créatures renversantes rencontrées aux cours de lectures publiques, de soirées ou dans la rue, il les lui faut toutes pour combler un tant soit peu son désir insatiable de sexe et ...de tendresse. Car à côté du Bukowski jouisseur et débauché, il y a le Bukowski aimant, qui ne considère pas ses conquêtes comme de simples objets jetables mais éprouve bel et bien de réels sentiments pour elles. On le découvre ainsi volontiers affectueux et parfois complètement dominé par sa folle furieuse du moment (la plupart de ses compagnes avaient un caractère orageux, l'alcool et la drogue n'arrangeant rien).

Comme d'habitude, cynisme et vocabulaire ordurier sont de mise. Sans oublier les pointes d'humour et les phrases-cultes. Exemple, cette scène où un quidam envieux demande à Chinaski comment une vieille mocheté comme lui s'y prend pour sortir avec des femmes toutes plus sublimes les unes que les autres :
"-Mon dieu, comment faites-vous ?
- Je tape, j'ai dit.
- Vous tapez ?
- Oui, dix-huit mots à la minute en moyenne."

Ambreen - - 40 ans - 16 mai 2008


Mémoires d'un vieux dégueulasse 9 étoiles

Il y a quelques jours on ressortait de notre bibliothèque deux bouquins de John Fante : Le vin de la jeunesse et Grosse faim.
Fante, on l'a dit, c'est un peu le père spirituel de Charles Bukowski.
Un Bukowski qui a d'ailleurs grandement contribué à la popularité de Fante.
On tient avec ces deux-là, deux grands écrivains américains, deux piliers de ce siècle de littérature.
Bukowski c'est un peu et en de nombreux points le Serge Gainsbourg de la littérature US : provocateur (avec sa bouteille de pinard chez Bernard Pivot, c'était en 1978 et l'INA a gardé ça en boîte), le physique pas très beau mais grand collectionneur de femmes, grossier personnage et poète sublime.
Dans Women, Bukowski écrit sur les femmes. Enfin c'est ce qu'il dit ou c'est ce qu'il veut faire croire.

[...] - Je dois pas savoir m'y prendre avec les femmes, j'ai dit.
- Tu sais très bien t'y prendre avec les femmes, a répondu Dee Dee. Et tu es un écrivain formidable.
- J'préfererais savoir m'y prendre avec les femmes.

Mais, tout bien pesé, on s'aperçoit vite d'une différence essentielle entre le personnage autobiographique de Bukoswki, Hank Chinaski, et Arturo Bandini, le personnage fétiche de John Fante.
Ceux qui se dévoilent sous la plume de John Fante, ce sont «les autres» : la famille, les copains, les filles, le père, la mère, les oncles, et l'on apprend finalement très très peu de choses sur le petit Bandini/Fante.
Bukoswki, tout au contraire, parle avant tout de lui, enfin de Hank Chinaski.
Dans Women, les femmes défilent dans le lit de Chinaski comme dans la vie de Bukowski, mais l'on apprend finalement très peu de choses sur elles. Et c'est bien Bukowski/Chinaski qui se met à nu.
Est-ce l'âge ? l'époque ? mais les charmes sulfureux de Bukowski semblent aujourd'hui bien éventés. Certes on y parle de sexe et d'alcool, on y baise le soir, on y picole toute la nuit et on y dégueule au petit matin, mais cela ne choque plus guère.

[...] « Soit t'es trop saoul pour baiser le soir, soit t'es trop malade pour baiser le matin », disait-elle.

Car la vie de Chinaski/Bukowski est ainsi faite ...
... de beuveries :
[...] C'est ça le problème avec la gnôle, songeai-je en me servant un verre. S'il se passe un truc moche, on boit pour essayer d'oublier; s'il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s'il ne se passe rien, on boit pour qu'il se passe quelque chose.

... de coucheries :
[...] - Je t'invite dehors pour le petit-déjeuner, j'ai dit.
- D'accord, a répondu Mercedes. Au fait, on a baisé, hier soir ?
- Nom de Dieu ! Tu ne te souviens pas ? On a bien dû baiser pendant cinquante minutes !
Je ne parvenais pas à y croire. Mercedes ne semblait pas convaincue.
On est allé au coin de la rue. J'ai commandé des oeufs au bacon avec du café et des toasts. Mercedes a commandé une crêpe au jambon et du café.
La serveuse a apporté la commande. J'ai attaqué mes oeufs. Mercedes a versé du sirop sur sa crêpe.
- Tu as raison, elle a dit, on a dû baiser. Je sens ton sperme dégouliner le long de ma jambe.
(et encore, on a choisi un extrait soft !)

... et de littérature :
[...] Les écrivains posent un problème. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend comme des petits pains, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend moyennement, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend très mal, l'écrivain se dit qu'il est génial. En fait la vérité est qu'il y a très peu de génie.
Mais rapidement derrière ces propos apparemment scandaleux mais qui ne sont qu'un écran de fumée (et auxquels il serait bien dommage de s'arrêter et de passer ainsi à côté de ce « génial » écrivain), apparait bien vite le désarroi de Chinaski et c'est ce qu'on retiendra de cette relecture de Bukoswki.

[...] J'étais vieux, j'étais moche. C'était peut-être pour cela que je prenais tant de plaisir à planter mon poireau dans des jeunes filles. J'étais King Kong, elles étaient souples et tendres. Essayais-je en baisant de me frayer un chemin au-delà de la mort ?

Un misogyne qui ne peut pas se passer des femmes, un misanthrope profondément humain.
Capable d'écrire, entre deux énormes grossièretés :
[...] En beaucoup de domaines, j'étais un sentimental : des chaussures de femmes sous le lit; une épingle à cheveaux abandonnée sur la commode; leur façon de dire « je vais faire pipi »; ...

Pour celles et ceux qui aiment farfouiller au fond de l'âme humaine.

BMR & MAM - Paris - 63 ans - 2 mars 2008


women, ou le livre des machos 8 étoiles

Certainement un des meilleurs de Mister Buk. une oeuvre autobiographique de bukowski légèrement romancée mais sans trop je pense.
amis machos, ce livre est pour vous ! le sexe s'étalent au long de toutes les pages et le Buk décrit un personnage extraordinairement macho et romantique à la fois.
Mais une fois ce constat passé, ce livre est admirablement écrit. Le style de Chinansky est parfait : nous avons la un vrai poete. Son autodestrcution assez lente a toujours été sa source d'inspiration et Buk a réussi a nous délivrer quelques chefs d'oeuvre dont celui ci. je recommande aussi aux lecteurs un livre extraordianire : Souvenir d'un pas grandchose.

Tchico2 - Labenne - 48 ans - 16 janvier 2006


on peut tous y avoir droit 8 étoiles

En effet, au delà de la vulgarité se trouve Bukowski. C'est ce qui fait qu'il en est là, Buko, à trôner au-dessus de tout ça et à cracher sur tous les merdeux qui s'essaient à faire comme lui.

Ce "roman" est en fait une collection de textes qui se suivent à peu près et qui tournent presque exclusivement autour du plus beau sujet du monde. Et c'est après la publication de ce livre que les femmes se sont mises à affluer pour vrai dans la vie de Bukowski. Et pas seulement des moches. C'est dire à quel point la sincérité peut payer...

Après la lecture de ce livre, j'ai compris que Bukowski est avant tout poète. De nombreuses scènes qu'on y trouve font d'abord l'objet de poèmes publiés précédemment dans les années 70 (women est paru en 78). C'est là qu'on le voit, le gros, à s'en taper une bien chaude en regardant par la fenêtre, et il revient à sa machine et en tape un petit sur le souvenir qui vient de lui repasser par la tête. Lisez "l'amour est un chien d'enfer" en anglais si possible, vous allez voir.

Un bémol cependant (qui ne concerne en rien Bukowski). Fidèle à son standard de qualité ridicule, Le Livre de Poche (à moins qu'ils ne s'en soient rendus compte) nous sert une édition remplie de coquilles qui nous fait dire que Buko mérite bien mieux que des éditions aussi minables.

Grass - montréal - 46 ans - 6 avril 2005