Saint-Germain ou la négociation
de Francis Walder

critiqué par Bernard2, le 24 mars 2005
(DAX - 75 ans)


La note:  étoiles
L'art de la négociation
Partant d'un fait historique - le traité de Saint Germain en 1570 - Francis Walder nous fait découvrir l'art de la négociation, ses rouages, ses règles de fonctionnement. Le roman est subtil, ciselé en dentelle. Sa lecture est un vrai moment de bonheur. On prend une véritable leçon de négociation, qui fait parfois frémir. Sait-on mieux négocier après avoir lu ce livre ? Oui sans doute, mais on saura surtout se méfier en étant moins crédule et plus lucide face aux autres.
Ce roman, prix Goncourt 1958, est devenu un classique, régulièrement réédité.. Ci-après un extrait, qui donne le ton du livre :
"Négocier deviendrait impossible si chacun étalait son jeu sur la table. Les prétentions apparaîtraient si crûment incompatibles, que ce serait à désespérer de toute solution. Il faut que vous masquiez vos intentions, que vous ne les découvriez que petit à petit, à tâtons, pour sentir par où elles s'accordent..... Surtout ne vous engagez pas, ne vous liez pas prématurément ! Rien n'est fait, rien n'est dit qu'au dernier instant."
L'art subtil du jeu diplomatique 8 étoiles

Dans ce court roman, l’auteur nous fait revivre les tractations diplomatiques qui ont réuni protestants et catholiques au cœur des guerres de religions.
Les méandres et finesses des négociations, le contraste entre ces quelques hommes et leurs responsabilités engageant des populations entières, l’ingrédient humain qui peut rebattre les cartes, et enfin la narration d’une protagoniste choisie comme vecteur, offrent un moment de lecture passionnant.

Elko - Niort - 48 ans - 26 mars 2023


Que tout le monde soit d'accord 8 étoiles

Bien trop court, ce roman (moins de 200 pages en poche), mais, consolation, on n'a pas le temps de trouver le temps long en le lisant. C'est d'une fluidité imparable, malgré l'aridité du sujet (un fait historique avéré, l'auteur a juste imaginé les dialogues et inventé le personnage féminin : les séances de négociation, au château de Saint-Germain-En-Laye, entre des envoyés huguenots, protestants donc, et deux émissaires du roi Charles IX et de la reine-mère Catherine de Médicis, catholiques donc ; le tout, en 1570, soit deux ans avant le massacre de la Saint-Barthélémy).
Prix Goncourt en 1958 pour ce roman au final peu connu de nos jours (il a été certes adapté, mais pas au cinéma mais à la TV, et en 2003, il aura fallu le temps ; pas vu le TVfilm, d'ailleurs, dans lequel jouaient Jean Rochefort et Rufus ; vu à quel point ce sont de bons acteurs, je ne pense pas que le TVfilm soit raté, mais j'imagine une mise en scène académique, des rajouts inutiles, des dialogues moins ciselés que dans le livre, bref, du travail de TVfilm, quoi). Une belle découverte pour ma part, que je relirai.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 16 juillet 2021


Petit traité de négociation 6 étoiles

Nous sommes au XVIe siècle, sous le règne de Charles IX, période d’affrontement entre les catholiques et les huguenots.
Henri de Malassise, assisté de M. Poizon est chargé de négocier un traité de paix sur l’exercice possible du culte protestant dans quatre villes.
Ils négocieront avec M. d’Hublé et M. de Mélynes. Quatre villes sont évoquées : Montauban et La Rochelle qui ne font pas débat, Angoulême et Sancerre.
Pour ces deux dernières, l’auteur dépeint les situations d’argumentations, de sous-entendus, de mensonges et compromis. Il aborde également les aspects psychologiques des négociateurs.
On s’aperçoit des dualités, des rapprochements interpersonnels. Et alors que Sancerre est cédée aux Protestants, Angoulême devient non négociable.
Apparaît alors un personnage féminin la cousine du narrateur qui jouera un rôle de médiatrice en proposant l’idée d’une cession temporaire d’Angoulême. Si cette idée est retenue dans un premier temps, elle sera regrettée par les décisionnaires et les deux villes contestées seront remplacées par La Charité et Cognac.
La paix de St Germain en Laye est signée le 8 août 1570, deux ans avant la St Barthélemy.

Petit traité qui peut aider pour toute négociation, grande ou petite.

Chene - Tours - 54 ans - 3 août 2015


Dentelle diplomatique 9 étoiles

Le suspense haletant d'une négociation, voilà un sujet non seulement original mais en plus particulièrement audacieux. C'est pourtant avec brio que l'auteur parvient à relever le défi de plonger le lecteur dans les joutes oratoires, conciliabules secrets, chausses-trappes raffinées et arcanes fragiles d'une négociation, et le maintenir passionné jusqu'à la dernière page.

« La vérité n'est pas le contraire du mensonge, trahir n'est pas le contraire de servir, haïr n'est pas le contraire d'aimer, confiance n'est pas le contraire de méfiance, ni droiture de fausseté ». Voilà la boîte à outils du négociateur du roi Charles IX, un homme subtil, effacé et modeste, qui aura pour mission (elle même âprement négociée) d'obtenir la paix avec les huguenots en échange de quelques villes. Il nous invite dès lors à le suivre dans les méandres de cette tortueuse partie d'échecs où il affrontera deux adversaires partageant avec lui les mêmes ruses et stratégies, et, surtout, la même passion du métier.

Grâce à une écriture élégante et à des personnages dont la psychologie est finement décrite, Francis Walder parvient à rendre vivante, passionnante et même romanesque cette chose en apparence si austère et ennuyeuse qu'est une négociation.

L'auteur est un ancien diplomate qui, fort de sa longue expérience de négociateur, décrit la façon dont les authentiques clauses du traité de paix de 1570 entre catholiques et protestants ont pu avoir été négociées. Un traité de paix d’extrême fragilité qui ne durera que deux ans, jusqu'à une certaine Saint-Barthélémy.

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 14 juillet 2007