Hiroshima mon amour
de Marguerite Duras

critiqué par FightingIntellectual, le 22 mars 2005
(Montréal - 42 ans)


La note:  étoiles
Les malheurs de l'oubli
Vous avez aimé le film? Les divagations du montage de Resnais?

Maintenant attaquez vous a Duras, seulement Duras, a la signification profonde de ses mots qui passèrent a mon avis inaperçus pendant le film, dû au travail spectaculaire d'Alain Resnais.

Hiroshima Mon Amour est un travail sur la mémoire et sur les lieux que cette dernière habite. La femme français , a Hiroshima pour tourner un film se rapelle son passé tragique sur la guerre mondiale. Le Japonais qu'elle rencontre devient le mirroir de son amour perdu, devient cet amour presqu'oublié qui lui revient en pleine figure.

Un travail troublant de Duras, aussi troublant que les films de Resnais. Duras a ce talent pour pointer directement, avec des phrases courtes et fortes, les choses qui font mal.

A lire en complément du film de Resnais, pour bien en saisir toute la force qui s'en dégage.

Une oeuvre qui fait comprendre toute la puissance des processus mémoriels
Des dialogues creux pour des thèmes beaux et forts 3 étoiles

La paix, le devoir de mémoire, la honte de la vondicte populaire, de la défaite de son pays : voilà des sujets qui prètent à l'emphase, ou au moins à un traitement poignant.
Ils sont servis par un style bref, qui a parfois son charme, mais les répliques me sont souvent apparues plates et creuses. Une impression de vide m'a envahi et m'a déçu face aux thèmes traités. J'ai été très déçu.
Les didascalies sont souvent plus intéressantes que les dialogues. Marguerite Duras arrive bien davantage à me toucher dans le style narratif et les descriptions. Ce constat relatif aux didascalies me fait penser que le film doit être mieux. Il passe pour un modèle du genre. Je ne l'ai pas vu, et suis curieux de le découvrir. J'espère que la mise en scène rehausse ce texte déconcertant, presque "pauvre". La critique de FightingIntellectual me le fait pressentir, vu qu'elle énonce que les mots de Duras y passent inaperçus. Mise en scène transcendentale ? bien meilleure que le scénario ? Je vous le dirai quand j'aurai vu l'oeuvre.

Veneziano - Paris - 46 ans - 14 mars 2007


Faire son deuil 8 étoiles

Hiroshima mon amour est un livre sur l’oubli, sur le deuil, sur l’amour comme à la fois source de douleur et éventuel remède.

L’histoire est simple : une actrice française tourne un film à Hiroshima et vit une aventure avec un homme japonais. Elle fuit à travers ses aventures, qu’elle multiplie, la douleur de sa relation avec un soldat allemand à la fin de la guerre et les souffrances qu’elle a dû endurer.
L’amour (interdit) pour l’Allemand s’est transformé en douleur avec la mort du soldat et la haine des gens, de sa famille, la punition de la société.
Hiroshima est une catastrophe, un traumatisme, tout comme l’est son histoire. Elle tente de l’oublier, mais ce n’est qu’illusion. A Hiroshima on ne voit, a priori, plus rien de la catastrophe comme il semble impossible de voir sur l’actrice les séquelles de son passé. Mais c’est en elle, et elle ne peut le cacher à celui qui lui fait confiance, qui s’offre à elle, qui lui rappelle les sentiments perdus et la douleur qui en a découlé. A-t-elle fait son deuil ? Peut-elle le faire ? Peut-on faire le deuil d’Hiroshima et doit-on oublier pour aller de l’avant ?

Son village et sa famille lui ont fait payer sa relation, obéissant non pas à des réflexes d’amour mais à des réflexes de haine conduits par la guerre (tout comme l’est Hiroshima). Ils ont dû faire leur travail de deuil avant de la laisser partir. A son tour, maintenant, elle doit aussi faire le deuil de son histoire, de sa souffrance.

C’est au départ un scénario de film ; la forme surprend donc, les dialogues sont omniprésents, les phrases sont courtes, précises, fortes.
L’ouvrage est traversé par une superbe impression de lenteur.
J’ai vraiment apprécié l’ambiance qui entoure les personnages, créée par les nombreux silences, les non-dits, le vide se mêlant aux dialogues subtils. Je n’ai pas vu le film et il n’est pas indispensable pour aimer le livre.

Hadrien - - 47 ans - 15 avril 2005