Femme qui écoute
de Tony Hillerman

critiqué par Heyrike, le 9 mars 2005
(Eure - 56 ans)


La note:  étoiles
Trilogie Leaphorn – vol 3
De retour au poste de police, après une arrestation, le lieutenant Leaphorn stoppe une voiture qui roule trop vite. Le chauffard fait mine de s'arrêter, soudain il fonce sur lui et manque de peu de lui réduire les deux jambes en bouillie. Après une vaine course poursuite, le chauffard s’évanouit dans la nature.

Souhaitant ne pas avoir à jouer la nounou pour des Boys Scouts qui campent dans le Canyon de Chelly, Leaphorn demande à son chef de lui confier une ou deux affaires, afin d'échapper à cette mission ennuyeuse. Il se voit confier, tout compte fait, trois affaires. La première est de veiller sur une jeune fille venue sur la réserve Navajo pour participer à des fouilles archéologiques, dont le papa, qui travaille pour le gouvernement et s'inquiète de la savoir seule, a fait jouer ses relations pour que la police Navajo ne la perde pas de vue. La seconde affaire concerne une histoire d'hélicoptère disparu dans le désert, quelques mois plutôt, après avoir servi lors du braquage d'une banque, organisé par la Buffalo Society, un mouvement de revendications Indien. Plusieurs témoins Navajo disent l'avoir aperçu à différents endroits. Et enfin la troisième est le double meurtre, non élucidé, d'un vieil homme et d'une jeune fille lors d'une cérémonie organisée par Femme qui Ecoute, alors qu'elle était en méditation non loin du hogan. Elle n'a rien entendu et encore moins vu (et pour cause). De plus Leaphorn est bien décidé à retrouver le chauffard.

Si l'intrigue est relativement simple, elle n'en est pas moins captivante, et la fin est absolument haletante. Flic perspicace et rationnel, Leaphorn n'envisage les faits que comme une suite forcément logique, chacun devant occuper une place précise dans un vaste ensemble. Souvent il puise dans les enseignements de la culture Navajo pour guider ses sens et déterminer ses choix. Sachant patiemment écouter les gens de son peuple lorsqu'ils racontent leurs histoires toujours empreintes de ce symbolisme si particulier, dont dépendent l'équilibre et la cohésion du Peuple, Leaphorn, tout en distinguant le profane du sacré, acquiert les informations essentielles dans l'interprétation des événements.
Fin de la trilogie Leaphorn 8 étoiles

"Femme qui écoute" est le troisième roman de la trilogie consacrée au flic navajo Joe Leaphorn (qui reviendra par la suite dans les romans de Hillerman) et je l'ai trouvé encore plus réussi que le précédent, "Là où dansent les morts", lequel était meilleur que le premier, "La Voie de l'ennemi". Bref, c'est de mieux en mieux, du moins en ce qui me concerne, avec Tony Hillerman, même si le côté ethnographique/anthropologue prend quand même un petit peu trop de place (surtout que ses romans sont peu épais, ici 240 pages).
Mais on ne s'ennuie pas (trop) en le lisant, c'est très bien écrit. Une belle curiosité.

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 13 septembre 2023


3ème opus de Tony Hillerman et 3ème ouvrage de la trilogie Joe Leaphorn 9 étoiles

Tony Hillerman est un auteur de polar ethnique, centré sur les Navajos et les Hopis (Sud-Ouest des USA, entre Nouveau-Mexique et Arizona), qui, entre 1970 et 2006 a publié 18 ouvrages qui constitue un tout, une suite, avec pour protagonistes principaux Joe Leaphorn, puis Jim Chee, tous deux de la Police Tribale Navajo.
Les trois premiers ouvrages constituent la trilogie Joe Leaphorn, les trois suivants la trilogie Jim Chee. Les romans de Tony Hillerman se distinguent par une volonté quasi ethnographique d’informer le lecteur des us et coutumes navajos, des paysages dans lesquels Hopis et Navajos évoluent. Une intrigue policière soutient le corps du roman et Joe Leaphorn comme Jim Chee sont là pour la résoudre.
Pour qui a pu voyager dans ces déserts de la région des « Four corners », la lecture de Tony Hillerman résonne terriblement. Pour ceux qui prépareraient un voyage par là-bas, sa lecture est des plus profitable.
Femme qui Ecoute est le troisième roman écrit de la série (1970) et constitue le dernier tome de la trilogie Leaphorn.

»Femme-qui-Ecoute ressentit la fraîcheur de la falaise avant que son ombre n’atteigne son visage. Elle se fit conduire par Anna à un endroit où l’érosion avait formé un cul-de-sac sablonneux. Puis elle renvoya la jeune fille en lui disant d’attendre qu’elle l’appelle. A certains égards Anna faisait preuve de grandes qualités pour apprendre, à d’autres de graves défauts. Mais quand elle aurait cessé d’être obsédée par les garçons, elle deviendrait une excellente Femme-qui-écoute. Cette nièce de Femme-qui-Ecoute possédait le don rare d’entendre les voix dans le vent et de recueillir les visions qui montaient de la terre. C’était quelque chose qu’elle tenait de famille : un don de divination de la cause des maladies. L’oncle de sa mère avait été un Homme-dont-la main-tremble réputé dans tout le territoire de Short Mountain pour diagnostiquer la maladie de la foudre. Femme-qui-Ecoute elle-même (elle ne l’ignorait pas) était très largement connue d’un bout à l’autre de ce coin de la Grande Réserve. Et un jour Anna serait célèbre aussi.»

Hélas Anna ne sera jamais célèbre ou célébrée puisque pendant que Femme-qui-Ecoute (alias Margaret Cigaret) s’est ainsi mise à l’écart à l’ombre de la falaise pour entrer en transes, Hosteen Tso (le vieil homme pour lequel elle est venue diagnostiquer la maladie) et Anna, sa nièce, sont assassinés. Femme-qui-Ecoute n’a rien entendu mais surtout rien vu, pour cause, elle est aveugle.
C’est bien entendu Joe Leaphorn qui va gérer l’enquête, et bien d’autres en même temps ; disparition d’hélicoptère, protection d’une jeune américaine blanche recommandée par son père haut placé, …). L’occasion, comme d’habitude, pour Tony Hillerman de nous en dire toujours un peu plus sur ce qui reste des coutumes navajos ou hopis … et de nous faire miroiter la beauté des déserts locaux, tout de sables et de roches torturées.

Tistou - - 67 ans - 5 octobre 2021