Dix mille : Autobiographie d'un livre
de Andrea Kerbaker

critiqué par Clarabel, le 9 mars 2005
( - 47 ans)


La note:  étoiles
Les yeux du livre
N'avez-vous jamais imaginé un livre avec une âme, des pensées et des réflexions ?.. Lisez "Dix mille" d'Andrea Kerbaker et vous regarderez vos livres différemment ! Dans ce livre trop court, un livre prend la parole, sur une étagère d'un bouquiniste, frissonnant à l'idée d'être en sursis car la libraire envoie les invendus "au pilon" ! Terrorisé de finir recyclé, emballage d'un médicament au pire, il prie ardemment qu'un Numéro Quatre ouvre la porte, glisse le doigt sur son étagère et s'empare de lui. Le Numéro Quatre, c'est l'éventuel propriétaire qui le sauvera de l'incinérateur ou de la décharge. Il aimerait bien une femme, ça le changerait... et de se souvenir des trois précédents propriétaires. Non sans quelque émotion, colère ou incompréhension.

"Dix mille" nous ouvre les portes vers un imaginaire jusque là encore vierge : la vie des livres, leur intimité, la connivence entre eux, les amitié avec Steinbeck ou Hemingway, le destin du livre qui sort de presse et atterrit dans la vitrine d'une librairie. Confiné dans un carton, prenant la poussière au fin fond de la boutique, ses pages jaunissant sur une étagère pour "acquisitions de seconde main", le livre raconte un parcours que le lecteur n'a pas conscience. En fermant donc ce petit livre, on lui caresse la couverture, un sourire aux lèvres et on le dépose dans un écrin de velours. Votre livre a des yeux, des oreilles ! votre livre est télépathe !
Entendez son appel ! 9 étoiles

Vraiment trop court ! Exercice très original, que celui d'un livre qui raconte sa vision des lecteurs, du circuit de l'édition et de des modes, tout en parlant de lui sans cesse, sans jamais se raconter. Se comparant aux livres voisins, les prétentieux, les tristes, les marrants, citant au passage quelques auteurs évoqués d'un ou deux mots, il nous donne envie d'être le 4° propriétaire.
Qui n'a pas rêvé d'être le dénicheur du trésor oublié dans quelque bibliothèque ou bouquinerie ? Qui ne rêve pas de se sentir appelé par un livre, de ressentir une osmose entre son contenu et son moi profond ?
Pas nous en tout cas, nous les lecteurs assidus, tous différents, tous faillibles, tous transportés de temps à autre par des phrases, sur du papier....

Vraiment trop court, donc, parce que vraiment délicieux.

Cuné - - 56 ans - 13 mars 2005