De quoi tenir dix jours
de Pascal Dessaint

critiqué par Sibylline, le 2 mars 2005
(Normandie - 74 ans)


La note:  étoiles
Un petit bouquin plein de haine
Ce Librio est un recueil de 9 nouvelles de l’écrivain Pascal Dessaint qui se dévorent, s’avalent les unes après les autres. Ce Librio, comme ses frères, est l’histoire d’un après-midi. Comme ses frères, il sert «à voir», à décider si l’on va ou non lire autre chose de cet auteur là.
Je sais peu de choses de Pascal Dessaint. Je sais qu’il vient de passer les 40 ans et qu’il paraît moins (parce que je l’ai vu à un salon de livres), je sais qu’il a écrit plusieurs romans policiers et qu’il a même reçu le Grand Prix de la littérature policière, et sinon… rien. Je voulais en savoir un peu plus, non sur lui mais sur ce qu’il écrivait. Comme au poker, j’ai misé un peu (1€90 et un après-midi, je ne suis pas de celles qui se ruinent au jeu) «pour voir».
En tout cas, ces quelques histoires sont bien écrites, très, même. On y trouve des passages superbes comme celui-ci (scène de chasse) «A son signal, il courait ensuite vers les oiseaux encore chauds, le cou tordu comme un tuyau d’arrosage, le bec ouvert suintant le sang, les ailes étendues sur le sable, pareilles à des fanions souillés d’encre, et pensait que longtemps encore la terre serait peuplée de gens assez fous pour se donner le droit de crucifier les anges.»
Ces nouvelles ne sont pas de ces délicates constructions à énigme qu’affectionnent les Anglaises, ce sont, presque toutes, les histoires d’hommes devenus fous, sans que l’on sache bien ce qui les a fait basculer dans la folie. De plus, ce sont des fous dangereux. Ils n’aiment personne vraiment et, ne se sentant par ailleurs aucune obligation morale ou légale, sont soudain capables de tout. Ce sont des histoires d’humains qui font du mal à d’autres pour des raisons qui nous échappent, d’hommes qui tentent de tuer des canards, leur carrière, la lune, des récits de rage et de folie destructrice derrière laquelle se profile parfois un manque ou l’absence d’une femme ou encore, sa propre insuffisance…. Mais cela, c’est de la psychologie et il n’en reste pas moins que la haine est un puissant moteur de récit, tout particulièrement dans le polar, et, puisque c’est bien écrit, nous n’allons pas bouder notre plaisir.
Résultat de cette journée, je ne sais pas si ces nouvelles sont représentatives de l’ensemble de l’œuvre et comme ma curiosité persiste, il va bien falloir que je lise encore… Et je le ferai.