Simone Weil, certains diraient la « grande », est une femme qui a vécu entre 1909 et 1943. Journaliste, écrivain, philosophe, enseignante, ouvrière, révolutionnaire et poète… Oui, c’est un peu tout cela qu’elle a été malgré la brièveté de sa vie terrestre. On pourrait ajouter juive, croyante, agnostique, catholique… Une vie entière à chercher, écrire et lire, discuter, s’interroger et tenter de comprendre… Ses cahiers, couverts de son écriture nerveuse sont là en témoignage de sa pensée puisqu’elle n’a écrit aucun ouvrage publié de son vivant…
C’est avec un recueil de notes tirées de ses cahiers que Gustave Thibon l’a révélée au grand public (La pesanteur et la grâce) et c’est Albert Camus qui a fait en sorte que soit publié chez Gallimard L’enracinement, un travail politique de fond.
Indiscutablement, Simone Weil a fonctionné grâce à des rencontres humaines qui l’ont enrichie et lui ont permis d’avancer sur le chemin de la vie. Ce fut tout d’abord son professeur de philosophie Alain, puis Trotski, Joë Bousquet, le père Perrin et Gustave Thibon… Je ne m’avancerai pas à dire celui qui fut le plus important et encore moins pourquoi. Chaque rencontre a donné une richesse qu’elle a su exploiter au maximum. Dans cet ouvrage, c’est celle avec le père Perrin qui est le plus mis en avant car c’est celle qui a entraîné l’écriture de cette lettre intitulée « autobiographie spirituelle » qui nous est livrée dans son intégrité après la présentation complète et fort bien construite de Julien Molard, un homme qui consacre depuis plus de vingt ans son temps libre à comprendre cette philosophe Simone Weil.
Ce qui me frappe toujours chez elle et que l’on retrouve dans de nombreux écrits c’est sa capacité à renoncer clairement à une vérité qu’elle porte au fond d’elle-même et en montrant tout au long des lignes qui suivent qu’effectivement ce qu’elle vient de nous affirmer est faux. Exemple ?
Au début de son autobiographie spirituelle, elle écrit : « Je peux dire que toute ma vie je n’ai jamais, à aucun moment, cherché Dieu ». Et suit alors, tout un développement qui montre comment elle est à la recherche de la vérité, de l’absolu depuis qu’elle est sur cette terre. Alors bien sûr elle ne nomme pas « Dieu » ce qu’elle cherche, au moins au début, puis elle fait comme si Dieu, tout seul, l’avait découvert, l’avait appelée. Cet aspect des choses est bien délicat car il faudrait savoir si la foi est don de Dieu ou pas. Mais je ne parle pas de la foi, ici, seulement de cette démarche intellectuelle et profonde qui fait qu’elle est bien « en quête de vérité » depuis toujours et que Dieu est bien vérité, absolu, être suprême…
Pour ce qui est de la foi, de l’adhésion à un amour divin, alors là c’est un peu différent et beaucoup plus mystérieux. Une de ses phrases finales révèle son point de vue : « Le Christ lui-même, qui est la Vérité elle-même… » et montre bien qu’à un moment elle a basculé dans la foi.
Cette lettre autobiographique ne permet pas d’affirmer que Simone Weil est morte en chrétienne, baptisée ou pas, mais que quelques mois avant sa mort elle était bien devenue croyante, tout simplement. C’est pour moi un texte fondateur de ma vie comme « La pesanteur et la grâce ». Simone Weil est une philosophe qui m’accompagne depuis des années et je vous souhaite la même aventure personnelle…
Bonne lecture !
[La note donnée à cet ouvrage est un mixte entre la présentation et le texte de Simone Weil. Si les notes devaient être séparées cela donnerait 4 étoiles pour la présentation de Julien Molard et 5 étoiles pour la lettre de Simone Weil]
Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 25 avril 2008 |