Phaos
de Alain Bergeron

critiqué par Libris québécis, le 12 février 2005
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Sous l'empire de la cybernétique
Le Prix Boréal de la science-fiction a été accordé en 2004 à Alain Bergeron pour Phaos. Ce roman cyberpunk s’inscrit dans la tradition de Tron et de The Matrix. Une œuvre qui porte sur l’avenir de la cybernétique. D’ailleurs, l’action de Phaos se situe en 2086, ère de l’Âge de la lumière.

À cause de l’esprit velléitaire des gouvernements démocratiques qui cherchent toujours à se faire réélire en recourant à la démagogie, les consortiums d’envergure planétaire en ont profité pour s’assurer du véritable pouvoir. Bush les a même rassurés en leur promettant de ne jamais prendre de mesures qui leur nuiraient. Dans un tel contexte, il est facile d’avoir la main mise sur la population terrestre et lunaire en ce qui concerne l’œuvre de science-fiction écrite par Alain Bergeron. La lune compte neuf millions d’habitants que la Thor Corp et la Synbad tentent d’asservir à leurs intérêts. La situation s’annonce même avantageuse à cause de la carence du système visant à satisfaire les besoins alimentaires de la population. Afin de remédier à ce problème, La Moon Institute of Technology a mis au point un « psystème ». P pour Phaos, une intelligence artificielle capable de préparer le correctif nécessaire. Œuvre manichéenne oblige, un ingénieur en fuite vers la terre a déjoué les mesures de sécurité pour s’emparer des plans fournis par le gadget afin de les vendre aux plus offrants. Évidemment, ce sera la course folle entre les deux consortiums pour s’accaparer du document qui garantira leur suprématie.

L’auteur envisage pour l’avenir une technologie qui ne changera pas la mentalité de nos dirigeants : cupidité et pouvoir. On est loin de George Orwell qui avait prédit la guerre entre les grandes puissances par pays interposés. Alain Bergeron n’innove pas, il répète les mêmes enjeux sociaux que nous connaissons. Il réintroduit le même ordinateur super puissant de 2001, l’Odyssée de l’espace. Ce n’est pas Phaos qui va nous éclairer sur notre avenir sauf qu’il prévoit un encadrement technologique plus sophistiqué. Quand on connaît l’impact énorme d’un médium sur la population, il est curieux que l’on n'exploite pas notre nouvelle manière d’être présent au monde. L’électricité, le téléphone, la télévision et la radio ont changé nos vies. Marshall McLuhan, l’auteur de Pour comprendre les média, affirme même que la Seconde Guerre mondiale aurait été impossible sans l’exploitation des ondes radiophoniques.

Ce roman manque de vision. On transpose dans un futur pas très lointain ce que nous connaissons déjà. Rares sont les œuvres qui ont prévu le terrorisme international. Il y a cependant Camille Bouchard qui a prévu, dans Des larmes mêlées de cendres, l’attentat du 11 septembre à New York. En somme, Phaos m’est apparu très factuel. C’est plutôt un jeu de devinettes. Que pourra-t-on inventer dans l’avenir et comment pourra-t-on se servir des gadgets cybernétiques pour dominer le monde ? Même la mentalité des protagonistes n’a pas été approfondie. Ce sont des êtres sans profil. En somme, Phaos véhicule le rêve primaire des capitalistes. Les amateurs de science-fiction y trouveront certes leur compte, mais ceux qui s’intéressent à ce qui dépasse la quincaillerie risquent de s’ennuyer, surtout que ce roman est plus que redondant. C’est un roman en somme pour les jeunes. Quand je l’étais, j’aimais bien Jules Verne. Aujourd’hui, il ne me dit plus rien. Comme je ne suis pas très familier avec le genre, je ne me montrerai pas outrecuidant pour le choix du nombre d’étoiles.
Phaos 6 étoiles

Pour ce livre, je dois dire que je m'étais fixé des grandes attentes. Il avait gagné plusieurs prix de science-fiction, et de plus, c'était le premier livre québécois de ce style que je lisais. Malheureusement je crois que j'avais mis la barre un peu trop haute. Ce n'est pas que le livre soit mauvais mais plutôt qu'il est trop décousu à mon goût. Selon moi, il y a des scènes de trop et certaines sont manquantes. J'avais parfois l'impression d'avoir sauté des chapitres complets. De plus, tout le long du livre, je cherchais des personnages à qui me raccrocher et je n'en trouvais pas. Seulement Niklos m'a donné espoir mais il est trop vite disparu

J'ai aimé l'idée de monde dirigé par des multinationales, ce qui pourrait arriver un jour. L'auteur montre aussi la société de marché poussé à l’extrême. J'ai bien aimé aussi l'idée du psystème Phaos et des fouilleurs de lumière. J'ai vu des ressemblances avec Isaac Asimov, mon auteur préféré. Cependant, ces points positifs ne corrigent pas une histoire un peu ennuyante.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 25 septembre 2011