La naissance d'une nation, Tome 1 : Thérèse
de Pierre Caron

critiqué par Libris québécis, le 9 février 2005
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Montréal au 17e siècle
Le roman historique a l’avantage de présenter le passé sous l’angle du vécu. Il s’éloigne des événements politiques et militaires répertoriés par les historiens patentés pour s’attacher à la vie de ceux qui les ont subis. Celui de Pierre Caron illustre le quotidien des Montréalais du 17e siècle, qui ont vécu entre 1663 et 1695.

Sous la gouverne pas toujours éclairée des responsables politiques, religieux et militaires, des défricheurs et des artisans heureux d’avoir quitté la France se construisent une nation dans le plus grand dénuement sous un climat rigoureux qui, chaque année, provoque des pertes humaines importantes. Cette population vaillante tente de s’organiser une vie intéressante sans trop compter sur l’aide de la mère-patrie, peu intéressée par ses quelques arpents de neige. Cet établissement exige du courage, d’autant plus que les habitants doivent assurer leur protection contre les attaques compréhensibles des Indiens dont on a usurpé les terres.

Au niveau de l’Histoire officielle, le roman répète les turpitudes enseignées à l’école. Maisonneuve, le fondateur de Montréal, est l’équivalent de Superman, les chasseurs d’Indiens méritent notre considération parce qu’ils sauvegardent la colonie et les autochtones naissent avec l’atavisme de la méchanceté. Heureusement que l’auteur accorde davantage de place aux colons en choisissant de revisiter leur quotidien et leurs amours à travers un personnage féminin au caractère impétueux. Thérèse est son héroïne, une femme belle qui fait tourner les têtes. Et sa fille, Marie-Éve, est de la même trempe. Elles savent se faire craindre des hommes, mais, en amour, ils sauront bien leur crever le cœur.

Le premier volet du roman est consacré à ces premiers Montréalais qui ont dû trimer pour survivre. La terre ne produit pas sans défrichement, et on défriche en courant le risque de se faire atteindre par une flèche iroquoise. La première partie souligne, avec complaisance, les terreurs d’une fondation en milieu hostile. Pourtant on avait conseillé au fondateur de la ville de choisir un autre emplacement, mais il a avait répondu qu’il s’y établirait même si « tous les arbres se transformaient en sauvages ». Le deuxième volet débute avec l’année 1677. C’est Marie-Ève qui en est la principale protagoniste. À travers son histoire, on s’initie aux techniques du temps, aux activités économiques, aux loisirs, aux politiques préconisées, en particulier à celle de la natalité qui imposait le mariage pour tous pour peupler la colonie.

Ce roman destiné au grand public est assez laborieux. L’auteur parvient difficilement à tenir toutes les ficelles de ce long roman de 640 pages. Heureusement, l’écriture est limpide et élégante, sans transcender par contre celle d’un bon étudiant. Parmi les œuvres historiques récentes sur Montréal, L’Esclave de Micheline Bail et Jour de feu, un polar de Pierre Turgeon, m’apparaissent plus pertinentes.