Dans la forêt du miroir : Essai sur les mots et sur le monde
de Alberto Manguel

critiqué par Sibylline, le 5 février 2005
(Normandie - 74 ans)


La note:  étoiles
Essai sur les mots et le monde
Le titre que j'ai choisi pour ma critique est le sous-titre que Manguel a donné à cet ouvrage et que je regrette de ne pas voir figurer sur la couverture.

Il y a des livres qui nous racontent des histoires. (Je les adore). D’autres, sérieux, qui nous apprennent des choses ou nous les expliquent. (On les aime aussi, parce qu’une fois passé le temps des études, on ne les lit plus que lorsqu’on est vraiment intéressé par le sujet). Et puis, il y a les livres comme celui-ci, qui nous donnent l’impression de nous retrouver avec un ami agréable et cultivé et de nous lancer avec lui dans des discussions sans fin sur des sujets assez variés. Et alors là, c’est un régal. On se blottit au creux d’un fauteuil, d’un lit ou d’un divan et on « discute » à perte de vue avec son livre. Bien sûr, me direz-vous, on ne parle pas vraiment. Mais c’est tout comme. On lit-écoute les récits, les informations et les arguments, et l’on pense-répond notre avis sur la question. Un régal, je vous dis, un très doux plaisir. Et c’est bien pour des plaisirs comme ceux-là que nous lisons ? Non ?
Ce livre se lit comme se lirait un magazine qui regorgerait d’articles passionnants. Et pour cause, Alberto Manguel a réuni ici des « papiers » qu’il a publiés à une occasion ou une autre dans diverses revues. Il y parle de Borges (bien sûr), de son enfance et de l’Argentine, de l’homosexualité et de politique, d’érotisme et du Che, de traductions et de religions pour ne citer que cela. Comme je vous disais : « assez varié ».
Tout m’a intéressée, toutes ces « conversations » ont suscité en moi des avis, des réponses, mais bien sûr, comme dans des conversations réelles, il y a eu des moments de plus grande communion et d’autres où l’on s’éloigne un peu. Ainsi, j’ai particulièrement aimé « Œufs de dragon et plumes de phénix » ayant moi-même un goût attendri pour ces musées de collectionneurs du XIXème ; mais j’ai été peu sensible à deux ou trois des derniers articles, parce que le mysticisme et moi…
J’ai regretté d’abord que cet ouvrage se termine ainsi, sur cette note qui me touchait moins, mais j’ai rapidement vu le bon côté de la chose : J’aurais trop regretté cette fin, s’il en avait été autrement.