Histoire d'amour
de Régis Jauffret

critiqué par Kreen78, le 4 février 2005
(Limours - 46 ans)

La note: étoiles

Dans la peau d'un violeur

Lui, professeur d'Anglais, rencontre par hasard une jeune demoiselle dans le métro. Et comme ça, il décide de la suivre, persuadé que c'est elle la femme de sa vie. Il la file jusque chez elle, puis la force à entrer. Il essaie de la mettre un peu à l'aise, tout en espérant lui plaire. Car, le sait-il à l'avance ou pas, il va lui faire l'amour dans quelques minutes, ou plutôt un "rapport" ou un "coït", tout en pensant qu'elle devrait apprécier. Après cela, il finit par s'endormir et il est réveillé par les flics le lendemain. Elle a porté plainte contre lui.

Mais, on ne sait pourquoi, elle la retire au bout de quelques temps. Et lui, ce violeur-aimant pense que finalement elle regrette son geste. Et pendant 160 pages, il va la harceler tout en se faisant des films dans la tête. C'est un violeur-mythomane.

Le pire dans tout ça, c'est qu'il ne se rend pas compte de l'extrême cruauté de ses actes. Oui il se rend compte qu'elle pleure tout le temps, qu'à priori elle n'est pas consentante, mais pourquoi ne porte-t-elle pas à nouveau plainte contre lui??? Pour lui, c'est comme un encouragement, et au fur et à mesure du temps il ne peut plus se passer d'elle. Il est capable des pires choses si elle réussit à lui échapper.

Ce livre est complètement immoral. On est dans la peau du violeur et cela fait une drôle d'impression. Comment l'auteur a-t-il réussi à se mettre aussi bien dans la peau de cette ignominie? Ca donne la chair de poule.

Oui il est immoral, mais tellement bien écrit! Je l'ai lu en 3 heures, avalé on pourrait dire. Mais malgré ça, je ne peux pas lui mettre 5 étoiles en étant une femme.

Quoi penser?
Je suis extrêmement perturbé par la lecture de ce livre car je ne l'ai pas compris. Le violeur est-il un violeur, la victime une victime? Poser la question me dérange, rien ne justifie un viol ni ne l'excuse. Et pourtant l'auteur tient à démonter les mécanismes psychologiques et je ne le suis pas dans son analyse. La situation est improbable, la jeune femme se sent violée, meurtrie mais décide tout de même de donner les clefs de son appartement à son agresseur ou de le laisser entrer lorsqu'il sonne, s'offrant ainsi à lui telle une victime consentante. Cela n'existe pas et l'auteur devrait le savoir. Et pourtant.. c'est tellement bien écrit! J'ai vraiment aimé le style, la narration paranoïaque et vicieuse. Une vision décalée qui dérange. Deux étoiles pour la forme mais je ne peux faire plus, l'histoire m'a profondément dégoûté. J'en suis venu à me demander si Mr Jauffret n''etait pas un peu tordu pour imaginer une histoire pareille! Ahsieg - - 41 ans - 19 août 2009

glauque
Quelle a pu être la démarche de l'auteur? S'il a tenté vraisemblablement de décrire la mécanique d'un violeur, alors, pourquoi insérer dans l'histoire ce personnage de femme victime, qui essaie, sans vraiment y croire, d'échapper à l'emprise du psychopathe. Cela ne fait que niveler le roman car il part vraiment dans tous les sens: le psycho amoureux, la femme rabaissée à un objet sans parole. glauque, vraiment trop glauque! Matru - cagnes sur mer - 50 ans - 28 mars 2006