Quiproquo
de Philippe Delerm

critiqué par Clarabel, le 1 février 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Tout plaquer ...
D'abord je tiens à m'exprimer directement à l'auteur s'il passe un jour par ici ... Pourquoi ce premier chapitre brouillon ? celui où le personnage du journaliste quitte sa Normandie natale pour un poste en Picardie, région très vite décrite de façon assez austère, vide, grise & cpie... Bonjour les clichés !

Ce premier chapitre n'est en rien concordant avec le reste de l'histoire ! Ce journaliste va tout plaquer pour s'installer dans le sud de la France, de passage par Beaumont-de-Lomagne, pour poser ses valises à Camparolles.. "la perfection musicale que ce mot prenait dans sa bouche, avec un je-ne-sais-quoi de mélancolie dans la richesse mélodique". Parti pris, hélas ! Sitôt le décor est planté, cet homme a quitté la brique sombre, les petits matins de pluie et de mélancolie pour découvrir les tuiles canal, si chaudes et rondes, la lumière de la brique rose, le vert profond des pins et des cyprès, le vert pâle des peupliers... Instant de pure poésie, qui encense l'un plutôt que l'autre ! Je trouve donc presque inutile de faire cette escale par le nord pour finalement planter tout le décor dans le sud, ce journaliste aurait très bien rester dans sa Normandie le temps du premier chapitre !

Bref, arrivé dans son village sudiste, il rencontre une veuve originaire d'Italie, Maria, et ses deux enfants, Stéphane et Alicia. Ils s'occupent du Quiproque Théâtre, les enfants assurent le spectacle avec des camarades, la mère est chargée de la cuisine et le journaliste s'incruste dans la bande.

"Quiproquo" rappelle les grosses lignes de "Un été pour mémoire". La plongée dans un univers de rêve, l'accomplissement d'un désir devenu réel, l'impression de renaître, de se sentir vivre pleinement... Mais quand l'été part, l'orage éclate, annonce les derniers jours de beau temps, et l'idée englobe le tout. Semi tragique, surtout poétique et mélancolique, comme souvent chez Delerm, "Quiproquo" se lit en une heure.
Pour ma part, je l'ai dévoré le temps d'un trajet en voiture alors que je remontais dans le Nord ! Et tac !

Pour les fidèles lecteurs/rices de Elle magazine, l'histoire avait déjà paru sous forme de tiré à part en Juillet 99. Cette présente édition du Serpent à Plumes est cependant très belle !
Petit roman de gare 5 étoiles

Un jeune journaliste au « Réveil Picard » doit partir faire un reportage de complaisance dans le Midi. Arrivé à Agen, il saute dans le premier car venu et décide au hasard d’une destination. Ce sera Camparoles, petite ville d’Aquitaine endormie dans la torpeur d’un début d’été. Sensible au charme du lieu et fatigué par les exigences de son métier, il décide d’y poser sa valise. Il rencontre le « Quiproquo Théâtre » petite troupe composée de deux frères et sœurs Stéphane et Alicia et de quelques amis comédiens. Il s’installe avec eux, participe au spectacle, à la cueillette et à la vente des fruits sur le marché. Il se sent si bien dans cette nouvelle vie qu’il n’a plus du tout envie de rentrer…
Sur le thème ultra éculé du retour à la terre, à la vie authentique dans une France profonde sympathique et pleine d’humanité, Philippe nous délivre une historiette finalement assez banale autour de l’amour et de la douceur de vivre. Ce petit récit de 86 pages, longue nouvelle ou micro-roman, joliment écrit, se lit vite et facilement. C’est léger, agréable, pétillant, plein de ces petites choses de la vie dont le pointilliste Delerm s’est fait une spécialité, mais sans grande profondeur, comme un assemblage d’images et de clichés pseudo-poétiques, fugaces car bien vite oubliés…

CC.RIDER - - 66 ans - 5 mars 2007