À l'assaut du réel
de Gérald Bronner

critiqué par Colen8, le 25 novembre 2025
( - 84 ans)


La note:  étoiles
Ne pas laisser corrompre le réel
Mai 68 : ses slogans antibourges avaient donné comme un avant-goût d’un désir(1) peu compatible avec le monde sensible. La post-vérité contemporaine brandie comme une foi s’inscrit dans une veine similaire en allant même jusqu’à dénoncer l’universalité supposée des connaissances acquises au moins depuis les Lumières. Des mouvements épars mais puissants portés par les fictions futuristes, rendus accessibles par les technologies virales, promus par des populistes radicaux mettent le plus de moyens possibles à contourner le réel.
Selon les sondages les effets du bien-être matériel ayant accru le pessimisme des bénéficiaires, ces derniers ont orienté ailleurs leurs aspirations communes. Ainsi ont fleuri sans conséquences trop graves des thèses farfelues, des complots mensongers, des quêtes de paradis perdus provenant des mythes anciens, des applications pour touristes avatars s’étant expatriés vers les univers ou métavers artificiels. Ce serait sans compter sur des levées de bouclier antidémocratiques, sur d’inquiétantes promesses transhumanistes à l’opposé des revendications antispécistes.
C’est en narrateur virtuose que Gérald Bronner a compilé un tableau complet des remous protéiformes agitant la période actuelle. Ses références et ses exemples multiples empruntés à la philosophie, aux sciences, à l’histoire, la politique, la culture et à enfin la psychologie sont utiles pour ne pas se perdre en chemin. Par un appel à l’intelligence collective il invite à maintenir le réel hors de portée de ces assauts perturbateurs, autant ceux du scepticisme trompeur que ceux de la fiction dont la désinformation est une des manifestations les plus fréquentes.
(1) Désir nommé pensée désirante dans cet essai