The Caves of Arkeh:na
de Melissa Sweeney

critiqué par Niko Samishi, le 3 novembre 2025
( - 19 ans)


La note:  étoiles
Roman pour enfants, adoré par les adultes
Avery Marlow est une collégienne qui, après avoir perdu sa seule amie, s'est tournée vers sa passion : la randonnée. En explorant des montagnes, elle tombe dans une grotte et découvre un peuple vivant retiré dans des cavernes. Ne trouvant pas sa place dans la société du monde extérieur, elle se lie à ce monde des « carvernes d'Arkęh:na ». Elle y tombe amoureuse de Cameron, enfant d'une membre importante de leur communauté, mais ne s'y sentant pas à sa place non plus.

Officiellement, ce roman est du middle-grade (catégorie 9-12ans), il m'a pourtant semblé plus pour adolescents, au point que c'est un des livres m'ayant le plus touché récemment. C'est à la fois une romance et une histoire "coming-of-age", dont les thèmes m'ont particulièrement touché pour des raisons personnelles (Avery a perdu sa seule et meilleure amie pour qui elle avait des sentiments, comme moi, elle ne se sent à sa place nullepart, comme moi, etc.). J'ai dû hacher ma lecture en plusieurs séances pour me préserver et éviter que ce soit trop intense émotionnellement, luttant contre l'envie de reprendre ma lecture.
Au vu du titre, des tags et de la couverture on pourrait s'attendre à du fantastique, mais pour être précis il n'y a pas d'élément magique à proprement parler. Néanmoins, on découvre un peuple imaginaire, avec sa culture, sa langue, ses croyances, comme cela se fait souvent en fantasy/fantastique.

Je me suis beaucoup identifié aux personnages. Le peuple d'Arkęh:na est né dans les années 1600 dans le nord de l'État de New York, de parias dont la société ne voulait pas et réciproquement, qui se sont enterrés sous terre pour fuir la société et leurs problèmes. Ces thèmes d'intégration dans la société et de fuite face aux problèmes sont au cœur de ce roman, c'est pourquoi les personnages principaux sont confrontés personnellement à ces épreuves (Avery est rejetée car elle est lesbienne, et Cameron est non binaire dans un monde encore très genré). Les deux se sont tournés vers la nature, celle qui nous accepte comme l'on est et ne rejette personne. Leur romance est ponctuée d'erreurs, de chaque côté, des hauts et des bas la rendant tellement plus réelle. Les personnages sont travaillés, crédibles, nuancés, et attachants. Ils sortent des clichés, ont leurs défauts, leurs forces et leurs faiblesses, et surtout des conflits impactants.

Le tout est accompagné de magnifiques illustrations par l'autrice elle-même. J'adore son style graphique qui donne un charme collant parfaitement à son histoire.

C'est clair : ce roman est mon coup de cœur en littérature jeunesse du moment. Je ne le recommanderais cependant pas au public ciblé français pour la seule raison qu'il n'a pas de traduction française et qu'il faut donc un bon niveau d'anglais. J'ai l'habitude de lire les romans traduits par Google Traduction, mais bien que ce soit d'habitude d'une qualité acceptable, Google a encore du mal avec le pronom they (bien qu'au final, ça revient au même que si c'était de l'écriture inclusive française (avec "iel", "saon", etc.), c'est juste une question d'habitude, une fois qu'on s'y est fait ce n'est plus perturbant).
Pour autant, ça se sent que ce roman a été écrit par l'autrice d'abord pour elle-même, parce que l'histoire lui plait premier degré, contrairement à nombre d'ouvrages jeunesse d'abord écrits pour le public cible. Cela en fait donc un roman jeunesse qui plait aussi aux adultes le lisant pour eux-mêmes. Moi, je l'ai adoré, un excellent premier roman d'une autrice dont je vais décidément lire d'autres œuvres.

Note : L'acheter sur Amazon est optionnel, c'est un don déguisé à l'autrice. La vraie version du roman est disponible gratuitement sur AO3 depuis 2018 (sous le nom de MelissaNovels) (ou sur melissanovels.wordpress.com). C'est cette version que j'ai lu, la version d'Amazon est peut-être différente.