L'épaisseur d'un cheveu
de Claire Berest

critiqué par Septularisen, le 2 novembre 2025
( - - ans)


La note:  étoiles
FÉMINICIDE OU FOLIE?
Étienne Lechevallier est correcteur dans une petite maison édition. Avec sa femme Violette (dite Vive), artiste photographe à l’esprit très fantasque. Ils forment depuis dix ans un couple en apparence solide et amoureux.

Parisiens éclairés et cultivés, ils ont leurs habitudes bien ancrées dans leurs vies, et vont de vernissage en concert de musique classique… Pour Étienne Vive est l’amour de sa vie, et la personne la plus précieuse de son existence.

Mais, un soir une malheureuse décision de Vive va faire dérailler cette parfaite partition. A partir de ce dérapage infime, - de l'épaisseur d'un cheveu - l’incompréhension s’installe entre eux et elle va mener à la tragédie!..

Que dire sur ce livre? Claire BEREST (*1982), dont j’avais vraiment apprécié la petite biographie sur vie de Frida KAHLO (1907 – 1954) (1), nous offre ici une «tranche de vie» tragique d’un couple parisien. Elle met en scène la part d’ombre qui est en chacun de nous, et la lente descente aux enfers, qui va entraîner Étienne à commettre l’irréparable! La psychologie des personnages est très fouillée, enfin surtout celle psychorigide d’Étienne.
Malheureusement, il est trop caricatural, trop exagéré… Et comme toute l’histoire nous est racontée par lui et que nous la suivons dans sa tête… C’est tellement poussé, tellement exagéré, que l’on en arrive à ne plus y croire du tout… Étienne on dirait le diable, Vive elle c’est la madone! Le résultat final est celui de les rendre tous les deux très (mais alors très…) antipathiques au lecteur! Franchement? A la fin on n'y croit plus du tout…

Que dire de plus? Je dois aussi dire que je n’ai pas compris la finalité de ce livre. Je m’attendais au récit d’un féminicide, je me retrouve avec le récit d’un homme psychorigide qui bascule peu à peu dans la folie, bien aidé en cela par sa jalousie maladive. Pareil pour les chapitres de l’interrogatoire de la police qui alternent avec le récit principal. Quel en est l’intérêt, si dès les premières pages, l’auteur nous a déjà dévoilé la trame du récit, à savoir le féminicide de Vive par Étienne, et que donc on sait qui est le coupable? Ces chapitres, heureusement très courts, ont simplement eu comme conséquence de me «sortir» complètement du livre!

Qu’est-ce que je n’ai pas aimé dans ce livre? En plus de tout ce que j’ai déjà dit plus haut? Soyons honnêtes, c’est mal, très mal écrit! L’écriture «distante», comme si nous étions spectateurs des évènements qui se déroulent, comme si nous assistions à une pièce de théâtre n’est pas l’idéal pour nous raconter cette histoire. De plus, désolé de vous le dire Mme. BEREST, mais n’a pas qui veut le talent de Mme. Annie ERNAUX (*1940) (2). Une écriture avec plus d’empathie aurait certainement mieux convenu à cette histoire, ici c’est très plat, sans spontanéité, sans aspérités, sans passages à relever, sans envergure, sans ambition, sans imagination, alors que, rappelons-le quand même, c’est l’histoire d’un meurtre! C’est d’un ennui, mais d’un ennui…

Qu’est-ce que j’ai aimé dans ce livre? Euh… Le fait qu’il n’y a que 200 pages et que donc cela se lit assez vite?
On l’aura compris, pas grand-chose. Ce livre est l’exemple parfait d’une bonne idée de départ, mais d’un très mauvais traitement de celle-ci. Les personnages bien trop «exagérés» dans leurs descriptions psychologiques y sont certainement pour quelque chose…
Reste la dénonciation des féminicides qui est, elle, essentielle et ne peut laisser personne indifférent!..

Est-ce que je conseille la lecture de ce roman? Non! Surtout pas! C’est loin, très loin du «chef d’œuvre» décrit un peu partout dans la presse et sur la toile. Non seulement je ne le conseille pas, tellement c’est mauvais, mais je vous conseille plutôt de lire l’ouvrage dont je parle ci-dessus! (1). Je me demande même ce qu’il va m’en rester de cette lecture dans quelques mois… La réponse: Cette critique, qu’il faudra sans doute que je relise pour me rappeler la trame de ce livre!..

(1). Cf. : Ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/57152
(2). Cf. : Ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/1151