Bahari-Bora
de Steve Aganze

critiqué par CHALOT, le 1 novembre 2025
(Vaux le Pénil - 77 ans)


La note:  étoiles
Féministe, émouvant, poignant au possible
Il est rare qu’un homme écrive un tel texte sur la condition des femmes.
L’auteur, né en 1999 en République démocratique du Congo vit à Kinshasa.
Dans cette fiction sensible et extrêmement bien écrite, l’auteur raconte la vie d’une adolescente enlevée à l’âge de 13 ans par des rebelles.
Bahari Bora est restée cinq ans en captivité avant de s’évader.
Martyrisée, victime de viol, elle s’enfuit après avoir eu un comportement courageux et dangereux se débarrassant du « diable endormi ».
Arrivée dans un hôpital, elle connaît un moment d’accalmie et doit décider d’avorter ou de garder ce bébé.
Bahari-Bora sait que cette grossesse non désirée, causée par une agression physique inqualifiable « comporte des risques importants » pour sa santé.
Qu’importe ! Elle le gardera, le protègera et retrouvera son village d’origine et l’orphelinat dont elle vient et surtout sa mamie adorée qui lui a tout donné et tout appris.
Ce roman nous emmène sur les chemins escarpés remplis de pièges et de risques que cette jeune femme va suivre courageusement, cachant sa féminité.
Il est dur d’être une femme dans cette société en guerre.
On ne sait pas qui sont les bons, les bandits pouvant être les rebelles ou les soldats de l’armée régulière.
Pour beaucoup d’entre eux, au-delà de leur appartenance du moment, la femme est un objet sexuel et rien d’autres.
Comme la jeune Bahari Bori le raconte : « Maman me dit toujours que les hommes se pavanent avec un serpent vorace entre les jambes, c’est pour cela qu’ils s’entretuent pour voir qui a le plus gros, le plus avide, le plus impitoyable. »
Cet auteur rend hommage à toutes les femmes qui, ici et là se battent pour leur honneur, pour leur vie et pour celle de leurs bébés actuels ou à venir.

Jean-François Chalot