Les confessions d'un bourgeois
de Sándor Márai

critiqué par THYSBE, le 27 janvier 2005
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Sandor et sa jeunesse
Comme je le disais dans la critique des Braises, Sandor Marai m’a vraiment interpellé par son écriture.
Dans cette autobiographie de ses 30 premières années, il nous livre en 2 parties, d’une manière bien construite et méthodique, ce que fut son contexte.
Dans la première partie il nous dépeint l’histoire de sa famille, son quotidien tant sur le plan matériel que professionnel et intellectuel. On croisera ainsi l’histoire de la Hongrie à la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle. On devinera son regard d’enfant, ses désirs, sa place dans sa fratrie jusqu’à son adolescence. Ensuite dans la 2ème partie de l’ouvrage, il nous racontera sa jeunesse dont son éducation bourgeoise le confrontera à la réalité. De Vienne, en passant par Paris, puis l’Italie, on voyagera avec lui dans le monde littéraire de l’époque et des idées nouvelles qu’elle véhiculait.
Intéressant tout d’abord ce premier regard d’étranger sur la France du début du 20ème siècle, qui est revisité ensuite une deuxième fois différemment pour l’amener progressivement à aimer ce peuple occidental qui le fascine tant.
L’écriture, l’époque, les pays de l’est, tout un monde qui m'attire et tellement bien rapporté
Percutant 10 étoiles

J'ai été beaucoup touché par ce livre, dans le sens où il m'a ému mais où il a aussi chamboulé quelques unes de mes idées. Márai nous livre une analyse fine et originale de la vie à travers ses premières années et ses multiples voyages. Le passage sur la France est à la fois amusant, intéressant et sans aucun doute d'actualité.

L'écriture est riche, les enseignements aussi et l'auteur nous emmène à chaque page en voyage. Que demander de plus ? Ce livre est ma plus belle découverte depuis quelques années et je n'en reste pas indemne.

Maufrigneuse - Saulieu, Bourgogne - 35 ans - 22 avril 2012


Quel magnifique témoignage ! 10 étoiles

Né en 1900, Sandor Marai a donc 34 ans lorsque paraît ce livre de souvenirs ; il est devenu un journaliste à succès, mais s'interroge encore sur la signification de l'existence, sur les valeurs de l'éducation traditionnelle, dont il a sans doute souffert, mais qu'il sait apprécier dans la vie en société...

Témoignage irremplaçable sur la Hongrie du début du XXème siècle : description minutieuse de la vie dans ces appartements typiques, desservis par des balcons imposants ; on en a conservé quelques-uns dans le Budapest d'aujourd'hui.

Témoignage précieux sur la vie en Europe centrale, Vienne, Berlin dans les années 1920 ; cela rappelle un peu Stefan Zweig et Gregor von Rezzori, ces autres écrivains apatrides.

Témoignage original sur le Paris de la "Belle Epoque". Certains passages sur le comportement des Français ne vieillissent pas et pourraient figurer au débat actuel sur l'identité nationale : pour eux l'auteur était un "métèque"...

Ce livre de souvenirs s'achève par la mort du père de l'auteur, un passage particulièrement sincère et émouvant. Rappelons que Sandor Marai s'est suicidé en 1989 (comme Stefan Zweig plus tôt...) en Californie

Tanneguy - Paris - 84 ans - 26 février 2010