Sa guerre
de Laurent Bénégui

critiqué par Débézed, le 16 octobre 2025
(Besançon - 78 ans)


La note:  étoiles
Une mère dans le Djihad
En racontant l’histoire d’une mère célibataire, grande ponte de la cardiologie mondialement reconnue, l’auteur revisite toutes les vicissitudes et toutes les violences commises dans le monde par les extrémistes musulmans. Toute la douleur et la détresse de cette mère qui apprend que sa fille est partie, en 2015, avec un djihadiste pour s’engager dans les conflits qui enflamment le Moyen-Orient à cette époque. Elle ne supporte pas de savoir sa fille en grand danger, elle décide d’aller la chercher et de la ramener en France.

Au retour d‘un congrès à New-York, Hélène Dompierre, ne retrouve pas sa fille à la maison, elle la cherche partout sans résultat jusqu’à ce que la DGI l’informe qu’elle est partie avec un cadre djihadiste pour la Syrie alors sous l’emprise du Califat. Elle n’accepte pas et ne croit pas plus que sa fille ait pu participer aux attentats du Bataclan d’une quelconque manière que ce soit, pas plus qu’au massacre de Nice. Elle est convaincue que sa fille ne peut pas avoir une quelconque relation avec toutes les violences qui déferlent sur l‘Europe et le Bassin méditerranéen.

L’opportunité d’un colloque en Turquie lui donne l’occasion de se rendre en Syrie par ses propres moyens où elle visite des camps réservés aux femmes en accomplissant des missions sanitaires. Devant les dangers encourus après les combats de la Poche d’Idlil, elle revient en France avec un maigre tuyau qui oriente ses recherches en direction de l’Irak. Revenu en France, elle sombre dans le désespoir et l’alcoolisme, elle perd tout son job, sa notoriété, son statut, sa santé et surtout sa fille. Elle survit avec un petit job pour un laboratoire suisse.

Au cours d’une des veilles qu’elle réalise pour le compte de ce laboratoire, elle découvre qu’un colloque sera organisé en Turquie, elle propose de s’y rendre pour le compte de son employeur et profite de cette opportunité pour proposer ses services au Croissant rouge qui manque cruellement de moyens et de personnels qualifiés. Elle s’engage dans les camps sous la tutelle des Kurdes avec la protection d’une agent français infiltré. Elle navigue entre espoir et détresse, apprenant tour à tour que sa fille est décédée, puis vivante et à nouveau décédée… Elle ne connaitra son sort qu’à l’issue d’une périlleuse mission dans le camp de Al-Roj où elle devra faire un choix kafkaïen et particulièrement douloureux.

Ce n’est qu’après son retour en France qu’elle connaitra l’épilogue de la fuite de sa fille et qu’elle trouvera une nouvelle raison de vivre. Cette histoire c’est l’histoire de toutes les familles qui ont vu l’un des leurs partir pour le djihad endossant par la même occasion une terrible culpabilité devant les atrocités commises partout en Europe.

Avec ce roman Laurent Bénégui revisite la carte géographique et géopolitique des massacres commis au nom de la religion. Un opportunité d’y voir plus clair dans les arcanes de tous les mouvements qui s’affrontent pour une cause pas toujours très bien définie.