Je est un autre: Un voyage avec Rimbaud
de Joël Alessandra

critiqué par Shelton, le 8 octobre 2025
(Chalon-sur-Saône - 69 ans)


La note:  étoiles
Bon voyage, doux rêves...
J’ai parfois l’impression que certains auteurs écrivent inlassablement le même livre… Attention, ce n’est pas un reproche ou une critique, plutôt un constat. Et, s’ils le font bien, cela offre un plaisir de lecture sans cesse répété, jouissif, jubilatoire… Une sorte d’extase qui ne cesse jamais ! J’ai l’impression de vivre cela en lisant depuis des années Joël Alessandra et il n’est pas le seul…

Ce qui est d’autant plus étonnant c’est que le phénomène est identique qu’il écrive ou pas le scénario. Passe encore quand le livre se déroule dans le même pays, ou sous le soleil… mais même quand il part à la recherche du whisky en Ecosse, ça fonctionne encore…

Mais justement, la réponse est dans cette dernière phrase : « il part à la recherche ». C’est probablement là le cœur du génie de Joël Alessandra, partir en chasse, à la découverte, à la rencontre… Dès qu’il est parti, il est prêt à tout, à découvrir des paysages, croiser des personnes, habiter des souvenirs et des mémoires, aller à la rencontre de lui-même… Au départ, il croit ouvrir une nouvelle quête mais comme il poursuit son ombre, comme il se cherche, comme il croit souvent se trouver avant de le laisser s’échapper, il n’est pas étonnant d’avoir l’impression de lire à chaque fois la suite d’une grande aventure humaine, la sienne !

Alors, cette fois-ci, il s’est construit un bel alibi, partir sur les traces du poète par excellence, Arthur Rimbaud, dans une région du monde que lui, Joël Alessandra, adore… Un poète, des mots forts, une terre qu’il a déjà foulée, des couleurs qui lui vont si bien, des humains mystérieux et agréables à côtoyer, des femmes, la mer… Que pourrait-il bien demander de plus pour nous offrir un album extraordinaire et si plaisant à lire ?

En lisant « Je est un autre – un voyage avec Rimbaud », j’ai cru lire la suite de « Errance en Mer Rouge », j’ai eu des relents profonds de « Retour du Tchad », j’ai revu en songe « On la trouvait plutôt jolie », j’ai croisé le « Petit fils d’un pied-noir », j’ai pensé à « Taï Dam »… et tous les ouvrages de Joël Alessandra tombaient ouverts de ma bibliothèque comme une mémoire exacerbée qui n’en finirait pas de crier au génie de cet auteur qui sait si bien nous emporter au paradis terrestre… là ou Arthur Rimbaud était allé pour oublier quelques malheurs occidentaux !

Dans quelques jours à Saint-Malo, sur les bords d’une mer moins bleue et d’une plage moins ensoleillée, je devrais avoir le plaisir de l’interviewer et ce sera comme à chaque fois comme une discussion qui reprend, qui se prolonge, qui est douce à vivre…