L'Ours et le Dragon: Russie-Chine : Histoire d'une amitié sans limites ?
de Sylvie Bermann

critiqué par Colen8, le 27 septembre 2025
( - 84 ans)


La note:  étoiles
Une influence mondiale grandissante
Ces deux hommes forts du moment se sont rapprochés depuis 2014 pour restaurer une fierté nationale évanouie. Le premier a en tête de reconstituer un empire après avoir lavé l’humiliation de la fin de l’URSS en 1991. L’objectif du second est de redevenir première puissance mondiale et ainsi effacer les traités inégaux imposés à l’empire chinois au XIXe siècle puis l’invasion japonaise au XXe. Si par le rejet de toute allusion aux droits humains l’un et l’autre refusent l’idée même de démocratie, le doute serait permis sur la solidité à terme du partenariat étant donné l’animosité séculaire des deux populations russe et chinoise.
Entretemps Poutine et Xi Jinping se sont trouvé un intérêt bien compris à la tête du Sud Global(1). Ils partagent une même vision du monde pour saper sinon l’hégémonie occidentale du moins la contrer au sein des institutions internationales(2) et soutenir ouvertement ou accompagner les régimes antidémocratiques. La géopolitique imprévisible, dans la provocation permanente envers ses alliés de l’Américain Donald Trump censée réduire la proximité de l’Ours et du Dragon, à défaut les endiguer par ses sanctions économiques a abouti au contraire de l’objectif visé, comme s’il avait seulement relancé la Guerre froide.
Après ses années étudiantes à Pékin, sa longue carrière orientée vers l’Asie au Quai d’Orsay, ses expériences successives d’ambassadeur à Pékin, Londres et Moscou Sylvie Bermann présente ici une mise en perspective de deux grandes civilisations impériales allant des invasions mongoles du XIIIe siècle aux événements contemporains. Une idéologie communiste toujours à l’œuvre en Chine, de nouveau revendiquée par la réhabilitation de Staline en Russie servent leurs priorités et leurs décisions rendant secondaires quelques contentieux territoriaux hérités du passé ou la présence chinoise marginale en Sibérie orientale.
(1) Sud Global : BRICS+ : 50% de la population mondiale, 40% du PIB en parité de pouvoir d’achat (supérieur au G7 en 2020), 40% de la production pétrolière, prêt à accueillir des dizaines d’adhérents supplémentaires dont la Turquie - OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) : Russie, Chine, Asie centrale, Inde, Pakistan, Iran – FOCAC (Forum on China-Africa Cooperation) piloté par la Chine – Sommet Russie-Afrique avec 43 chefs d’Etats en 2019 – Diplomatie active en direction du Moyen-Orient, de l’Amérique latine et de l’Afrique.
(2) ONU (Nations Unies) – Un ressortissant Chinois à la tête de quatre agences spécialisées : ONUDI (Développement Industriel), OACI (Aviation Civile), FAO (Alimentation et Agriculture), UIT (Télécommunications) – Accessoirement une Sino-Canadienne à l’OMS (Santé) en 2006, une participation active à l’OMC (Commerce).