Un petit monde : récits d'enfance
de Paul Lombard

critiqué par Jules, le 28 mars 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une certaine nostalgie du temps passé alliée à beaucoup d'humour
Recevant ce livre, ma première réaction a été : " Encore quelqu'un qui estime que son enfance est susceptible d'intéresser beaucoup de monde."
Pagnol l’a pensé, et heureusement pour nous. Céline en a fait de même et, à défaut, il nous aurait privés d'un chef-d'œuvre de la littérature française ! Vraiment pas n’importe qui, chacun dans leur genre…
J’ai donc entamé ce livre avec une certaine restriction mentale. Elle m’a très vite quitté ! Il ne m'aura fallu que quelques pages pour entrer dans l’univers du jeune Paul Lombard, qui est devenu un des avocats les plus célèbres de France.
Nous sommes à Marseille, pays haut en couleurs, entre les deux guerres. Le père est un « petit » médecin de quartier rempli d'humanité et de bonté. La mère, une femme un peu plus effacée, mais très généreuse et qui ne voit que le bon chez les autres. Le petit Paul a deux sÏurs et le couple a perdu deux enfants à la naissance. Arrive alors tout un petit monde : le grand-père Nane, les tantes, les cousins et le très spécial cousin Gaby. Bien que plus que tangent, ce dernier nous fera bien rire. Même aux dernières lignes du livre, une ultime anecdote sur Gaby sera traitée avec le plus grand humour. Tout un petit monde nous apparaît au fil des pages, comme les rues et les places de Marseille, l'école, la faune locale. Tous les personnages sont tout ce qu’il y a de plus vivants. A ne surtout pas manquer : le dernier repas du grand-père Nane !. Une fête !.
Je parlais d’humour. Ce livre en est truffé et les perles sont nombreuses ! Tout jeune avocat, Paul Lombard est présenté au ténor de l’époque du barreau de Marseille, en même temps qu'au bâtonnier. Il dit : « Le premier était dans la force de l’âge, le second n'en avait plus. » Et ceci n’est qu'un modeste exemple !
Paul Lombard fera même partie de l’équipe de football du barreau de Marseille, comme gardien de but. Il nous dit avoir été peu doué et son surnom était « Tamis ». Pourquoi
« Tamis » ?… Ayant, tout à fait par hasard, arrêté un penalty, alors qu’il avait déjà laissé passer des ballons faciles, « tamis » convenait bien « Parce que, en bon français, ça signifie passoire, mais en plus fin. » !
Ce livre m’a ravi ! La langue utilisée est superbe, les personnages vrais et l’humour omniprésent. Mais il y a encore d'autres choses tout aussi délicieuses… Paul Lombard est un très grand « humaniste », au sens culturel du terme, et cela ajoute une dimension importante à son livre, à sa personne et à sa vie. Ses anecdotes sur ses premières années de barreau valent le détour ! Ajoutez à cela que Monsieur Lombard adore la poésie d'Hugo, d'Apollinaire, de Rimbaud, Verlaine, Aragon, mais aussi de Trenet, Brel et Brassens et vous comprendrez le plaisir de plus que j’ai eu à approfondir tout cela lors de l’interview qu'il a bien voulu m'accorder.