Le buveur de brume
de Guillaume Gallienne

critiqué par Jfp, le 14 août 2025
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 77 ans)


La note:  étoiles
georgia mon amour…
Qui n’a jamais rêvé de partager l’intimité d’une célébrité, connaître tous ses secrets comme un ami fidèle ? Un rêve, oui, mais c’est pourtant ce que l’on ressent au plus profond de soi à la lecture de cette "Nuit au musée" en compagnie de Guillaume Gallienne. Pourtant, cela commence mal, très mal, l’auteur ne cessant de se plaindre d’avoir été floué par les autorités de ce pays, dont il ne parle pas la langue mais où sa famille maternelle s’enracine depuis d’innombrables générations. Croyant passer une nuit au Musée national de Tbilissi, où il pensait faire revivre la légende familiale et retrouver la collection d’orfèvrerie en rapport avec la mythique "Toison d’or" de Colchide et ses peintres "réalistes" favoris, ainsi que le portrait de son arrière-grand-mère "Babou", célébrée pour sa beauté et son charisme, il se retrouve confiné dans la Galerie nationale, consacrée au célèbre peintre "naïf" Niko Pirosmani, dont il n’a rien à apprendre. Pour l’occasion, on lui a transporté le portrait de Babou, mais totalement hors de son contexte. Sa fureur explose, mais il va faire contre mauvaise fortune bon cœur et accepter le contrat passé avec son éditeur : passer la nuit dans un musée de son choix (hélas !) et écrire, écrire, jusqu’au bout de la nuit… Au final, il va nous faire revivre tous ses souvenirs, ceux de sa famille bien sûr, cette famille aux origines si complexes, trimballée d’un monde à l’autre au fil des aléas de l’histoire, mais aussi et surtout les siens propres, ceux qui concernent son destin à lui. L’émotion affleure à toutes les pages, on rit, on pleure et surtout on entre dans ce personnage dont il nous dévoile petit à petit les tourments, notamment ceux de son adolescence, psychologiquement maltraitée, mais aussi les joies lorsque le métier d’acteur l’a révélé, non seulement au public mais à lui-même. Une confession, donc, mais écrite dans une langue épurée et allant directement au plus profond, avec une extraordinaire empathie. Hélas, il faut refermer le livre au bout de cette nuit qu’on aurait aimé voir durer encore et encore. Merci, Guillaume, pour ce petit bijou d’écriture et bon vent pour cette carrière d’acteur-réalisateur, et maintenant écrivain, qu’on espère voir durer très longtemps…