Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse
de Sigmund Freud

critiqué par Saule, le 19 janvier 2005
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Inconscient et psychanalyse
25 ans après ses conférences d’introduction à la psychanalyse (voir critique sur ce site), Freud fait dans cet ouvrage publié en 1936 un nouvel état des lieux de la psychanalyse en incorporant les dernières avancées. Les sujets traités sont notamment : les rêves, les phénomènes occultes, la décomposition de la personnalité psychique (le surmoi, le moi, le ça), la féminité, la vie pulsionnelle et les angoisses.

Outre une connaissance de base de la psychanalyse ce livre ne requiert rien d’autre qu’une attention soutenue de la part du lecteur, il s’adresse donc à un public d'"amateurs éclairés" comme on dit. Présenté sous forme de conférences (ce qui n’était pas le cas car à cet âge – il avait 86 ans - Freud ne faisait plus de conférences), le texte est très vivant et agréable à lire. L’auteur prend son auditoire fictif à partie avec beaucoup d’humour et de verve, j’aime beaucoup cette manière de procéder.

Certains passages m’ont réellement passionné. Par exemple quand Freud donne son avis sur les phénomènes occultes (j’ai été très étonné de voir qu’il penche en faveur de l’existence de phénomènes de transmission de pensées). Le chapitre sur la décomposition de la personnalité en moi, surmoi et ça est très clair et intéressant. Dans le dernier chapitre, il se livre à une apologie de la science et de la raison, il attaque férocement la religion comme étant une atteinte à la raison et, malgré une sympathie pour le marxisme, il émet des doutes sur cette théorie notamment quant à la prédominance des facteurs économiques dans la constitution de classes sociales. Quoique dans une moindre mesure que pour la religion, il perçoit aussi dans le bolchevisme une limitation du champ de la raison, et le considère donc comme néfaste.

Quand on lit un ouvrage de psychanalyse, que ce soit Freud ou Jung, on a souvent l’impression de souffrir de toutes sortes de névroses, ce qui est d’ailleurs un peu vrai mais ce qui n’est pas toujours agréable ! C’est ce qui explique les résistances à la psychanalyse et les attaques en règle que Freud a subies de son vivant.

Mais si Freud et la psychanalyse vous intéressent, cet ouvrage est incontournable. Personnellement ça m’intéresse beaucoup même si je trouve que la vision de l’homme donnée par Freud est assez sombre. Notre petit « moi » est pris dans un étau, entre l’instance culpabilisatrice du surmoi et le « ça », siège des désirs refoulés. Notre conscience intérieure n’est, pour Freud, rien de plus que ce surmoi, qui nous est inculqué lors de la petite enfance par l’éducation parentale.