Les parias
de Arnaldur Indridason

critiqué par Jfp, le 2 août 2025
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 77 ans)


La note:  étoiles
sous le volcan
Polar noir, aux accents désabusés, mettant aux prises Konrad, un policier à la retraite, avec une énigme qu’il veut résoudre à tout prix, au grand dam de Marta, la commissaire en charge de l’enquête, car le meurtre lui semble avoir un rapport avec celui de son propre père, survenu une quinzaine d’années auparavant. L’ambiance est pesante, tout au long d’un récit alternant entre les nombreux protagonistes d’un drame complexe, à peine éclairci dans les toutes dernières pages. Même Konrad, le héros de cette histoire affligeante, ne suscite guère l’enthousiasme, tant il semble empêtré dans le mensonge et les non-dits. On évoque l’Islande du siècle dernier, avec ses tabous, notamment ceux touchant à l’homosexualité, mais contrairement à nombre de ses romans antérieurs, l’analyse sociale à laquelle cet auteur nous avait habitués est absente au profit d’une peinture d’êtres profondément désaxés, en perte totale des valeurs qui sont le ciment de l’humanité. Totalement déconseillé aux personnes dépressives…
opus n°5 de la série « Konrad » 8 étoiles

Il est à mon sens recommandé de lire dans l’ordre les ouvrages de la série, Arnaldur Indridason s’imposant une grande cohérence dans ses personnages et leurs obsessions. Et les personnages chez Indridason sont largement pourvus d’obsessions !
Cette série a pour héros – ou personnage central – Konrad. Un policier retraité qui traîne, comme tout enquêteur j’imagine – des affaires non résolues, des questionnements sans réponse. Konrad, lui, traîne aussi comme un boulet le meurtre de son père, non résolu. Et justement, on va en savoir plus – bien plus – dans Les parias.

»Tranquillement assise à l’accueil du commissariat, rue Hverfisgata, la vieille dame attendait que vienne son tour. Arrivée seule, en taxi, peu après midi, vêtue d’un épais manteau beige, d’une écharpe nouée autour du cou et d’un bonnet en laine islandaise qu’elle n’avait pas tardé à enlever, elle serrait son grand sac à main sur les genoux …/…
- Suivez-moi, répondit Marta en lui faisant signe de l’accompagner dans le couloir où se trouvait son bureau.
Elle l’invita à s’asseoir et lui proposa un café qu’elle refusa poliment. La dame avait surtout envie de rentrer chez elle.
- En quoi pouvons-nous vous être utiles ? demanda la policière en regardant les flocons lourds et mouillés qui s’accumulaient sur la vitre. A nouveau, une violente averse de neige fondue s’abattait sur Reykjavik. On distinguait à peine les phares des voitures sur le boulevard Snorrabraut derrière l’épais rideau.
- Je viens pour l’arme.
- L’arme ?
- Celle-ci, répondit la dame en ouvrant son sac. Elle en sortit un vieux torchon sale qu’elle déplia, et qui contenait un vieux pistolet qu’elle montra à la policière. »


C’est un Luger, qui date de la guerre, qui n’avait rien à faire là où la vieille dame l’avait trouvé et qui évoque douloureusement à Konrad (puisque toutes les infos finissent par lui parvenir au grand dam de Marta) une arme vue en son temps entre les mains de son père, crapule avérée assassinée sans qu’on ait jamais élucidé son meurtre. Ce meurtre qui hante Konrad.
Plus grave, cette arme se révèle être l’arme d’un crime commis il y a bien longtemps …
Il va être aussi question de très anciennes affaires d’enfants placés dans des institutions abusés. Ce sont eux les « parias » du titre, enfants détruits à qui on n’a jamais rendu justice, laissés pour compte. Mais voilà Konrad …
Arnaldur Indridason nous fait évoluer là dans les milieux les plus noirs de la société islandaise. Noir c’est noir, définitivement. Mais on va enfin connaître la vérité sur le meurtre de Seppi, le père de Konrad. Pas rien quand même !

Tistou - - 69 ans - 24 septembre 2025