Sous la peau
de Michel Faber

critiqué par Paradoxe, le 18 janvier 2005
(Wavre - 68 ans)


La note:  étoiles
Inquiétante étrangeté
Il s'agit sans conteste d'un des romans les plus fascinants qu'il m'ait été donné de lire ces dernières années.
Son héroïne, sous des dehors de dragueuse insatiable d'auto-stoppeurs isolés sur les routes d'Ecosse, cache une mission d'appât des plus inquiétante. Pauvres de nous, pauvre hommes!
L'imagination, souvent morbide, de Michel Faber devient, paradoxalement, un véritable régal. L'humain n'y est qu'un jouet mais sa manipulatrice ne semble pas totalement dépourvue de sensibilité, ce qui ne contribue qu'à accentuer l'ambiguïté du récit.
Ah, la délicieuse horreur que voilà!
Du déconcertant en diable ... 9 étoiles

Dirlandaise a parfaitement raconté le schéma principal de ce livre qu'on ne comprend toutefois qu'au décours des pages.
Isserley est piégée dans sa quête de l'humain à rapporter et le sentiment d'être utilisée par son employeur ... Aussi, la retrouve-t-on enfin "humaine" quand elle croise le fils de son patron , lequel , en bon "dissident/gosse de riche/ honnête/ hors réalité" cherche à comprendre si notre culture est prégnante ou uniquement animale.
Isserley, AIME, déteste , mais au moins existe enfin.
Drôle de livre : on met du temps à comprendre, on accompagne Isserley et on a envie de la protéger même si on déteste ce qu'elle fait ...
Pas un chef d’œuvre dans la rencontre littéraire mais une belle honnêteté d'écriture et un ouvrage qui déconcerte à chaque page et ce, jusqu'au bout !
De la belle ouvrage qui nous oblige à penser : on ne peut échapper au parallèle : une société sûre de sa suprématie et.... la réalité !

DE GOUGE - Nantes - 68 ans - 8 septembre 2014


La solitude d'Isserley 8 étoiles

Une jeune femme originaire d’une autre planète a décroché un emploi de rabatteuse de vodsels (êtres humains). En effet, elle doit ramener à la ferme Albrach, couverture pour une usine d’équarrissage, son lot quotidien de viande fraîche sous la forme d’auto-stoppeurs de sexe masculin et idéalement possédant une forte musculature. Isserley doit faire montre de prudence et ne choisir que des individus ne possédant peu ou pas de famille proche ni d’emploi et dont la disparition ne sera pas dramatique et passera presque inaperçue. Pour bien effectuer son travail, la compagnie qui emploie Isserley lui a fait subir de nombreuses interventions chirurgicales afin de la rendre presque semblable à son gibier. Elle a aussi dû apprendre la langue et les mœurs des gens habitant le coin de pays où elle est dépêchée soit les Highlands d’Écosse. Donc, la jeune femme sillonne les routes et recueille les auto-stoppeurs qui seront endormis grâce à un dispositif intégré au siège passager de sa voiture. Ensuite, leur sort est réglé et ils ne reverront jamais la lumière du jour.

Roman terrible et passionnant. J’ai beaucoup aimé et lu très vite n’arrivant pas à me détacher de cette atmosphère lugubre et morbide distillée efficacement par l’auteur dont l’imagination et le talent de raconteur m’ont fortement impressionnée. Non pas que l’écriture soit belle, non pas du tout sauf pour quelques passages décrivant le paysage et le temps, mais le souci du détail dans les descriptions de l’environnement d’Isserley et de ses victimes contribuent à plonger le lecteur dans un climat d’angoisse et de sourd malaise. Cependant, ce qui m’a le plus marquée de ce livre c’est l’immense solitude d’Isserley, sa souffrance physique et surtout morale. Ses victimes innocentes suscitent également la pitié et la compassion car ils sont tellement confiants lorsqu’ils accourent vers la voiture arrêtée, souriants et heureux de trouver enfin quelqu’un qui accepte de les prendre à bord de son véhicule, ne se doutant pas du piège terrible d’une efficacité sans faille dans lequel ils se précipitent. La fin est à la hauteur du reste du roman.

Avant de lire ce livre, j’ai visionné le film mettant en vedette Scarlett Johansson et j’ai constaté de nombreuses similitudes au niveau de l’atmosphère angoissante et sinistre mais pour l’histoire, beaucoup de changements ont été apportés dans le film gommant toute une partie de l’univers d’Isserley soit le complexe d’Albrach et l’agression qu’elle a subie de la part d’un de ses passagers. L’agression est présente dans le livre mais située à la toute fin et différente. La fin du film est aussi différente dans le film mais comporte des similitudes à celle du livre.

Un bon roman de science-fiction distillant l'angoisse et dont la morbidité inquiétante prend aux tripes.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 27 août 2014


"même pas peur !!!" enfin si quand même !!! 8 étoiles

Quel livre !! c'est certain vous ne pourrez pas l'oublier, en le lisant vous serez, je pense, comme moi : mal à l'aise, craintif, vous aurez pitié de quelques protagonistes, vous aurez envie d'aller demander grâce pour eux à l'écrivain; Bref un livre étonnant;
Michel Faber est un écrivain génial, passer des "Roses Pourpres" à ce livre d'un style totalement différent, et avec autant de talent
je lui tire mon chapeau (un petit bémol quand même pour la suite des "Roses Pourpres" mais bon je lui pardonne..

Nickie - - 63 ans - 27 novembre 2012


Science fiction au plus près... 10 étoiles

De tous les livres que j'ai lu ces dernières années, celui-ci reste par l'originalité de son contenu, dans ma mémoire à tout jamais.
Dans l'Ecosse contemporaine, un alien ou une alienne puisqu'il s'agit d'un être de sexe féminin, drague les auto-stoppeurs bien constitués pour les ramener endormis dans sa toyota rouge, à la ferme où ils seront glossotomisés "ablation de la langue" castrés et engraissés en vue de l'abattage.
Rien de moins que ça. On suit Ysserley au cours de son périple aguichant les hommes bien musclés qu'elle cuisine longuement afin de savoir s'ils ont de la famille et d'éviter d'éveiller tout soupçon chez les autorités.
En dire davantage serait parfaitement déloyal vis-à-vis de l'auteur. Il vous faut découvrir ce roman qui pour une fois ne donne pas la primauté à l'humain sur notre planète...

Victaureau - - 73 ans - 28 décembre 2009