Respect
de Anouk Grinberg

critiqué par CHALOT, le 1 août 2025
(Vaux le Pénil - 77 ans)


La note:  étoiles
Le témoignage poignant et courageux d’une femme
Anouk Grinberg a plusieurs cordes à son arc, elle est comédienne, dessinatrice, écrivaine.
Elle raconte dans ce livre poignant son calvaire de « fille-obje »t, qu’elle a vécu depuis sa tendre enfance : elle a été violée par un ami de son père, puis par son propre frère pré adolescent.
Toute pénétration imposée même avec le doigt est un viol.
Elle a connu une enfance difficile avec une mère alcoolique et connaissant des problèmes psychologiques et un père absent.
La fratrie a été élevée sans modèle positif, sans référent.
Plus tard, elle a encore été victime des hommes devenus des monstres se permettant tout.
Elle aimait sa mère et son père même si ce dernier ne l’a pas crue.
Comme elle l’écrit : « le déni, l’omerta, les mensonges sont la bave des sociétés, petites ou grandes : ça colle, ça glue, ça enfonce la honte, ça peut tuer parfois. »
Adulte, elle rencontre pour son malheur Bertrand Blier, le réalisateur qui abaissait les femmes dans son cinéma.
Elle raconte leurs relations, son attitude vis-à-vis d’elle, ce qui lui faisait vivre en scène et dans la vie.
Elle n’hésite pas à dénoncer ce géant du cinéma, je cite : « Blier ne dénonçait rien, il se moquait des enfants démolis par l’inceste, dont je faisais partie ».
Ce livre nous touche et nous laisse des traces mais il y a des vérités à dire, à crier et les abus à dénoncer. Beaucoup d’hommes méprisent les femmes, certains et ils sont nombreux abusent d’elles et les violent.
Des témoignages poignants et vrais comme celui-ci sont utiles pour aider à mettre fin à toutes ces pratiques indignes.
L’auteure n’est pas aveuglée par sa douleur, elle reconnaît que des hommes positifs et justes combattent pour le respect de la femme et des femmes.
Elle cite son compagnon, Michel Broué, mathématicien qui la soutient.
Je n’oublierai jamais ce récit et cet appel bouleversant pour un « plus jamais ça » !
L’écriture est soignée, le rythme soutenu et le lecteur captivé entre l’horreur décrit et une admiration devant la détermination de cette femme extraordinaire .

Jean-François Chalot