Un jeu de piste multiple
de Monique Thomassettie

critiqué par Débézed, le 31 juillet 2025
(Besançon - 78 ans)


La note:  étoiles
Au carrefour du passé et du présent
Après avoir publié « Un passé multiple » et « Un présent multiple », Monique complète sa trilogie autobiographique qu’elle dit partielle, par ce nouvel opus évoquant encore une fois la multiplicité de ses souvenirs, des sentiments qu’elle a conservés, des impressions qu’elle a ressenties, des émotions qu’elle a éprouvées… Un jeu de piste qu’elle présente comme son errance dans la forêt de son passé, « Un jeu de piste dont les balises sont indiquées par ma mémoire ». Ce qui semble dire que ce jeu est peut-être comme un prélude à un testament littéraire, sentimental et émotionnel plus complet qui pourrait venir plus tard sur les fondements des textes mémorisés dans cette trilogie. Un retour en arrière qui lui demande du courage, « se connaître soi-même, / c’est aussi et peut-être surtout / se souvenir ».

Ce recueil mémoriel est « Mélange du passé et du présent. / Alchimie vitale ». Un passé qui a commencé comme l’univers par un big-bang originel « chaque artiste a son propre big-bang ». il lui faut donc connaître son univers pour en saisir l’origine et l’essence. Monique essaie de se souvenir de son propre big-bang, du jour où elle s’est retrouvée à l’orée d’un avenir qu’elle pensait fructueux, créatif, prolifique…

Les souvenirs des moments-clés, ceux qui ont décidé de son avenir, remontent à son enfance et à son adolescence comme celui qu’elle formule dans ces vers « Je me suis imaginée à Bruges, / retournant à la fontaine d’amour / où, en automne 1962, je lançai une pièce ». Geste qu’elle fit dans un moment crucial de sa vie et qui ainsi resta ancré dans sa mémoire. Des moments-clés qu’elle retrouve en explorant son œuvre qu’elle confronte à la vie qu’elle a vécue. Elle les projette vers la vie qu’elle a encore à vivre, la vie qu’elle voit autour d’elle : l’enfer, la mort, l’existence avec ses travers, ses déceptions, ses frustrations … mais aussi ses joies. Tout ce « Vécu, revécu, des choses pénibles / Touché un fond / et n’en suis toujours pas sortie ».

Au carrefour du temps, du passé et du présent, Monique a retrouvé des souvenirs, relu, revu son œuvre, revécu ses rêves et ses angoisses, recherché ses parents. Elle y a retrouvé les mots pour lesquels elle éprouve une forme de vénération, ils sont son matériaux littéraire, le support de son art, son moyen d’expression, l’outil pour dire ses sentiments, ses impressions, ses ressentis, …, ils sont pour elle comme un trésor, « L’origine des mots garde pour moi une aura mystérieuse tel un trésor ancien caché dans l’avenir du chemin ». Monique est aussi peintre, elle tient à souligner que « Mes expressions littéraires et mon expression plastique sont une ».

Elle garde aussi une profonde estime pour les grands auteurs classiques dont elle s’inspire pour nourrir son texte de nombreuses allusions à leurs œuvres. Elle n’a rien à leur envier, elle possède la langue et son usage dans leur meilleur art pour se projeter dans une nouvelle partition riche de la musique de ses mots puisés dans ses souvenirs…