Mauvaise saison sur l'Olympe, tragédie de Prométhée et d'un groupe de divinités en 14 tableaux
de Ismail Kadare

critiqué par Jules, le 27 mars 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une visite de l'Olympe
L'humeur est vraiment à l'inquiétude sur l’Olympe. Pourquoi cette convocation, par Zeus, des principaux dieux à une réunion exceptionnelle ?
Sur base des arrivées, les dieux non-convoqués tentent de deviner le sujet qui justifie un tel événement. Des bruits circulent. Prométhée aurait volé le feu pour le donner aux humains. Après la tentative de Tantale d'avoir voulu leur donner l'immortalité, où allons-nous ?. D’accord que Prométhée est le dieu des humains, mais quand-même !… Et puis, ces humains, ils ne sont vraiment que des bêtes et, pour ne rien arranger, ils sentent même mauvais. Voilà qu’arrive Prométhée. Ce serait donc bien ça la raison de ce branle-bas de combat sur l’Olympe !.
Oui, Prométhée a volé le feu et l'a donné aux hommes, mais il y a pis !. Il y aurait un complot contre Zeus lui-même et Prométhée en serait au courant…
Kadaré nous donne ici une tragédie en quatorze tableaux. Les dieux de l’Olympe ne sont pas soumis au temps, comme les humains, et nous ferons de nombreux allers et retours dans ce temps. Prométhée aura la vision du Christ, il verra passer des armées dans un sens puis un autre. Celles d'Hitler, celles de Staline, mais aussi celles des Romains et des barbares.
Les hommes ne font encore que balbutier mais, parce que Prométhée, de nouveau lui, aura voulu leur donner la notion de la mort, celle du temps et un semblant d'intelligence, voilà qu’ils vont jusqu'à être capables du pire, de la dernière extrémité : ils ont découvert comment décomposer la matière, l’atome !…
Et ce complot contre Zeus ?. Prométhée finira-t-il par en livrer le secret ?… Mais le plus grand ennemi de Zeus n'est-il pas Zeus lui-même, dès l'instant où il est devenu un tyran ?
Et ces dieux qui méprisent les hommes, ils n'en méprisent pourtant pas les femmes !… Et Aphrodite pas les hommes !. Héra, la femme de Zeus, n’y comprend rien ! Même la sage Perséphone, femme d'Hadès, va succomber aux charmes d'un de ces individus.
Va-t-on retourner au chaos, la pire des horreurs, le bordel total d'avant les dieux ?. Zeus, pour prendre le pouvoir, a renversé son père, Kronos. Va-t-il subir le même sort et tous les dieux de l’Olympe avec lui ?…
Vous le découvrirez en lisant cette très belle pièce d'Ismaïl Kadaré. Elle abonde aussi en réflexions intéressantes sur le pouvoir, la vie, les hommes.
J’y ai été d'autant plus sensible que j’ai toujours adoré ces dieux grecs. Je les ai toujours trouvés tellement humains ! Ils sont colériques, voleurs, trompeurs, menteurs, charmeurs, tendres, amoureux, haineux, vengeurs, et j'en passe !… Ils sont peut-être immortels, mais ils vivent !.
J'ai dévoré cette pièce !
Du big bang à la fission nucléaire 7 étoiles

En écrivant cette pièce de théâtre, Ismail Kadaré a voulu reprendre la tragédie d'Eschyle sur le mythe de Prométhée, le tout dans une grande modernité.

Prométhée en apportant la connaissance aux hommes va bouleverser l'évolution de l'humanité mais aussi faire trembler le monde de l'Olympe. C'est l'occasion de poser de nombreuses questions notamment sur le pouvoir, la liberté et l'usage du progrès.

Aborder ces sujets du point de vue des Olympiens, dans leur intimité et leur vulnérabilité, dans une relation ambiguë avec les humains, apporte un bol d'air frais à cette tragédie antique.

Elko - Niort - 47 ans - 23 février 2014


Au coeur du complot 8 étoiles

Chose promise, chose due ! Et double merci à toi Jules, pour m'avoir conseillé ce titre en particulier, moi qui n'avais jamais rien lu de Kadaré... J'ignorais que l'auteur était grand amateur des tragédies grecques et qu'à travers cette pièce, il avait voulu représenter la fameuse trilogie de "Prométhée". C'est qu'il s'en passe des choses sur l'Olympe ! Que de bouleversements, des complots, des trahisons, des remises en question et un portrait de l'humanité, pas très flatteur, qui ferait regretter de ne pas siéger auprès des dieux, malgré tous leurs défauts.
C'est surtout une belle réflexion, comme le souligne Jules, sur divers thèmes dont la notion de la mort, le pouvoir et le temps.
Bref, enthousiasmant !

Folfaerie - - 55 ans - 7 juin 2004