Les Renaissances
de Agnès Martin-Lugand

critiqué par CHALOT, le 17 juin 2025
(Vaux le Pénil - 77 ans)


La note:  étoiles
Tendre, sensible et fascinant
Rebecca est une romancière qui semble avoir perdu son inspiration.
Elle vit avec son mari et leurs deux enfants adolescents et jumeaux. Tout allait bien , si l’amour réciproque liant les deux parents ne s’était pas estompé.
Ainsi va la vie.
Un jour Rebecca rencontre Lino, un homme qui semble marqué par son passé. C’est un passionné d’histoire de l’art, un restaurateur de meubles.
Cet homme se livre à elle, il raconte sa vie, sa jeunesse, ses interrogations.
Eblouie et même fascinée par cette histoire de vie et aussi par la personnalité de cet homme qu’elle découvre un soir, elle trouve là le sujet de son prochain livre. Elle écrira l’histoire de Lino.
Mais qui est-il réellement ? Comment le retrouver ? Ils se sont rencontrés à Paris or il vit en Provence mais où ?
Elle part à la recherche de Lino et lui propose l’impensable, un projet fou celui d’écrire la vie de Lino. Celui-ci reçoit Rebecca et accepte l’aventure.
Le lecteur va suivre Lino et connaître ses chagrins et ses blessures .
Rébecca peut elle mettre des barrières, des limites, elle s’interroge :
« Qu’aimais- je ? L’écouter pour écrire ? Ou tout simplement être avec lui. »
Elle doit le maintenir à une seule place, celui de personnage central de son roman.
Est-ce possible ?
Ce roman épais, dense se déguste car s’il raconte l’histoire de gens peu ordinaires à première vue, nous parle et nous interroge.
Il y a une vie après sa jeunesse et lorsque l’amour dans un couple s’érode, il y a toujours une deuxième chance qui peut passer, il faut la saisir mais rien n’est facile.
Ensemble, il est possible de sombrer ou de chuter mais aussi de renaître plus fort sans rompre avec le passé qui vous a mis là où vous êtes !

Jean-François Chalot
Blessures croisées et goût du beau 8 étoiles

En mal d'inspiration, Rébecca, romancière à succès, pourtant prolixe d'ordinaire, rumine, au moins jusqu'au jour où elle rencontre Lino, artisan vénitien, menuisier et restaurateur de meubles d'art. Il lui raconte ses difficultés existentielles, familiales et amoureuses. Ces dernières intriguent beaucoup l'autrice, au point de s'en inspirer pour son nouvel ouvrage.
Cet aspect devient évidemment le centre de l'intrigue. Elle lui avoue, et tout s'emballe. Les sentiments se brouillent encore davantage, pour lui un peu plus et désormais de son côté aussi à elle. Inévitablement, les interrogations se croisent, pour le pire probablement, pour le meilleur possiblement.

La rencontre de douleurs croisées qui forment une forme d'apaisement après un moment de tension me semble une idée riche et originale ; saisir les hasards de la vie et les faire fructifier, dans le respect d'autrui bien sûr, me paraît intéressant et pouvoir constituer une ligne directrice d'existence.
Les déambulations dans Venise m'ont évidemment attiré, mais elles restent un tantinet secondaires, et relevant un peu du "cliché". Mais elles soulignent une commune attirance pour le beau, l'art et l'esthétique chez les deux protagonistes, ce qui leur vaut un motif supplémentaire de rapprochement, et cela me plait, car l'art aide à vivre, à mon sens.
Ce roman est réussi et assez beau;

Veneziano - Paris - 47 ans - 28 septembre 2025