Passage à l'ennemie
de Lydie Salvayre

critiqué par CCRIDER, le 10 janvier 2005
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
Rapports de police
L'originalité de ce roman réside dans la forme où il est écrit , une trentaine de rapports de police rédigés par un inspecteur des renseignements généraux qui a pour mission d'infiltrer une bande de délinquants de cité sensible .
Le héros envoie ses rapports secrets au Ministère de l'Intérieur , certain de cadrer parfaitement avec les instructions ministérielles d'exigence sécuritaire . Il se comporte en fonctionnaire dévoué et zélé . Exemple : " Le soussigné , en loyal et dévoué serviteur de la Police , va s'efforcer d'établir un rapport personnalisé , exhaustif et exempt de préjugés sur les délinquants sévissant dans la Cité des Arcs à Combeil afin d'évaluer avec précision leur degré de malignité ... "
Le ton est donné , l'ennui c'est que rien ne va se dérouler comme on pourrait penser . La réalité dépassant la fiction , la vie étant ce qu'elle est , petit à petit l'inspecteur va passer du côté de "l'ennemie" , d'où le titre . Il tombe amoureux de Dulcinée , l'égérie de la bande ...
Un roman , amusant , plein de vie et d'humour , écrit dans un style agréable et qui se lit très facilement .
Rapports d'expert 9 étoiles

J'ai lu ce livre il y a 2 ans. Je peux que le recommander vivement.
C'est "jouissif" à chaque instant ; l'auteur et le narrateur manient l'ironie de main de maître.
A redécouvrir, comme l'indique l'excellente critique laissée par Cdeniau.

Carson Dyle - - 64 ans - 16 décembre 2007


Anti-sarkozisme ? 9 étoiles

Ce livre publié à une période de "sarkozysme" en France (2004) reflète bien les limites de cette politique de répression et de non compréhension.... Même si certaines comportements et actes sont tout a fait réprehénsibles, ce livre met le doigt sur la compréhension (sans jamais excuser) de certains actes violents, de la petite délinquance, de la drogue dans les cités ... Au fur et a mesure, le narrateur pointe du doigt le problème de compréhension entre les flics et les délinquants qui nait des préjugés (tous les gens habitants dans des cités sont délinquants et drogués) et on le sent, comme en témoigne le titre, glissé vers l"ennemi" (sans un "e" ici) du moins ce que les policiers considèrement comme leur ennemi se plaçant dans une politique de répression. Le terme ennemi est fort car témoigne d'un était de guerre urbaine entre la police et les délinquants alors que l'un et l'autre ne sont peut être pas si loin puisant leur haine de l'autre dans les memes frustrations de la vie et ayant certains comportements parrallèles (la violence dans la culture hip hop et les drogues, pour les uns, la violence dans la répression et l'alcool pour les autres).... Le passage entre les deux n'est pas loin comme s'il n'y avait que un pont à franchir et que ce pont est la loi (la loi autorise l'alcool mais pas les drogues douces, la loi cautionne la répression policière mais pas les graffs, le squat d'immeuble)... Pourtant qu'est ce qui pourrait être le plus repréhensible selon la morale...

Cdeniau - - 42 ans - 31 octobre 2005