Il suffit d'écouter les femmes: L'avortement clandestin par celles qui l'ont vécu, 1950-1975
de Léa Veinstein

critiqué par CHALOT, le 14 mars 2025
(Vaux le Pénil - 77 ans)


La note:  étoiles
un livre féministe pour passer de la mémoire à l'action
Ce livre est une œuvre utile, indispensable pour la mémoire collective et aussi pour l’avenir qui s’est quelque peu éclairci en France mais qui reste très sombre pour les femmes dans des dizaines et dizaines de pays dans le monde.
J’ai suivi et participé, à une humble place au combat pour le droit à l’avortement en Seine et Marne et j’ai connu des femmes et des médecins qui courageusement ont participé dans des conditions sanitaires correctes à des avortements avec la méthode Karman.
Ce livre que j’ai lu d’une seule traite m’a permis de retrouver une militante laïque et féministe Mireille P que j’ai reconnue et que je salue affectueusement.
Ces femmes qui ont souffert dans leurs chairs, soit en perdant une mère dans le cadre d’un avortement clandestin pratiqué par des faiseuses d’anges peu scrupuleux, soit en cherchant désespérant un moyen d’avorter dans de bonnes conditions méritent notre respect et notre reconnaissance.
Il était un temps où l’avortement était interdit en France, ce qui conduisait avant 1975 à ce que de nombreuses femmes trouvent la mort à cause d’avortements clandestins faits dans n’importe quelle condition ou se retrouvent obligées de garder un enfant non désiré et souvent plusieurs.
Tous ces témoignages de femmes sont poignants et utiles, ils montrent à l’envi l’inégalité d’une « République » qui pénalisait l’interruption de grossesse pour les pauvres, les femmes d’es milieux modestes alors que ceux là même qui dictaient les lois envoyaient leurs femmes ou leurs filles se faire avorter dans de bonnes conditions en Hollande ou en Angleterre.
Que pensez que de ces chirurgiens ou médecins qui lorsqu’ils étaient obligés de faire un curetage à une femme à la suite d’un avortement fait dans de mauvaises conditions opéraient sans anesthésie ou presque pour faire « payer celle qui avait fauté » ?
Heureusement que d’autres, étudiants en médecine ou jeunes médecins ont pratiqué des avortements malgré l’interdiction, permettant à des femmes d’interrompre leur grossesse sans dommage physique.
La loi Veil n’a été possible que parce des femmes notamment et des hommes ont bravé les interdits et mené le combat dans deux directions : dans l’action concrète et dans celui plus politique pour qu’une loi protège les femme .

Jean-François Chalot