Universaliser: "L'humanité par les moyens d'humanité"
de Souleymane Bachir Diagne

critiqué par Pacmann, le 7 mars 2025
(Tamise - 60 ans)


La note:  étoiles
Belle remise en cause du centre de gravité de la philosophie
Ce petit ouvrage reprend le séminaire que Souleymane Bachir Diagne a donné pour le et qui a pour enjeu une réflexion autour de la notion d'universel.

Deux écrivains et philosophes que sont Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire dont les pensées semblent être l’appui de cet ouvrage.

Des considérations sur le colonialisme, la représentation occidentale et la mise à l’écart d’autres sources philosophiques de la socratique donnent une perspective pour mettre fin à un universalisme réduit et à une perspective qui permet d’espérer la fin possible d'un concept supérieur à celui de l’homme blanc occidental.

L'universalisme européen reposerait bien sur une forme de racisme et l’émergence de penseurs comme une autre voie, celle visant à entrer dans cet universalisme sans aucun surplomb, à la manière de Merleau-Ponty qui voit « toutes les « Créolisation du monde » (Edouard Glissant), mondialité qui n'est jamais l'économie marchande et globale de la mondialisation mais bien « une envie d'un devenir solidaire » (Christiane Taubira).

Un universalisme oblique, latéral que l'on pense depuis « l'expérience ethnologique, incessante mise à l'épreuve de soi par l'autre et de l'autre par soi »

Par ces réflexions, on doit alors revoir la décolonisation comme le lieu d'un nouvel humanisme, voire à l’image de Nelson Mandela, dans ceux qui ont le plus souffert de ce prétendu universalisme qui n'était que blanc et ethnocentré, les acteurs capables de porter une humanité, une générosité, une hospitalité à l'autre qui dépasse les identités particulières.
Un ouvrage sans doute ardu, juste et au style très académique mais qui remet les choses en place à l’heure où le repli sur soi est devenu de plus en plus une tendance politique.