L'Histoire incroyable d'un crâne
de Giuseppe Bonaviri

critiqué par Pucksimberg, le 10 février 2025
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Créer un être mêlant l'homme à l'arbre
Des scientifiques aimeraient engendrer une créature qui combine l’homme, le ciel et la terre, comme si elle pouvait être une symbiose des divers règnes. A Harvard, la jeune Iside vient insuffler l’idée de créer un individu à partir d’un crâne dont elle semble éprise retrouvé à la frontière entre le Libye et l’Egypte. Cette idée séduit les scientifiques et voilà le lecteur embarqué dans une histoire fantastique qui emprunte à la fois à la science-fiction et au mythe.

Je ne connaissais pas cet écrivain italien qui a déjà publié une œuvre conséquente. « L’Histoire incroyable d’un crâne » semble poursuivre le mythe prométhéen, c’est l’homme qui joue à Dieu et qui souhaite égaler la création divine. Pour parvenir à leurs fins, ces scientifiques justifient leurs actes comme s’ils étaient autorisés par la divinité. La stimulation que procure la découverte semble une drogue qu’il faut légitimer à tout prix. Le récit prend dès le départ des allures de conte par son univers fantaisiste et certains épisodes qui font écho à l’univers merveilleux, comme ce conte de l’oiseau bleu. Par les inventions scientifiques et les « progrès » mentionnés dans le texte, l’on penche aussi du côté de la science-fiction avec ces expériences infligées à des animaux et cet être qu’ils s’apprêtent à créer qui n’est pas sans rappeler Frankenstein, mais un monstre qui synthétise le monde, un individu qui se mélangerait aux arbres. Certaines descriptions sont assez fascinantes ou du moins impressionnantes.

Giuseppe Bonaviri fait voyager son lecteur dans l’espace et dans le temps. Il attribue des noms à ses personnages qui évoqueront certaines figures célèbres comme Jehova, Hercules, Minoa, Porporina … La Sicile se superpose parfois à la Grèce antique, le dernier voyage de Jehova rappelle les voyages en mer d’Ulysse ou la guerre de Troie. Le présent se conjugue au passé et au futur à la fois, communiant en un espace-temps qui fait sens dans l’univers du conte. La symbiose entre les hommes et la nature rappelle le panthéisme cher à l’auteur. Le lecteur n’a qu’à se laisser porter par l’imagination de l’écrivain dans cet univers mythique, qui à lui seul semble réconcilier tous les règnes, toutes les époques et toutes les religions.