Antigone voilée
de François Ost

critiqué par Sahkti, le 7 janvier 2005
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Vivre avec le voile
"Que savez-vous, vous autres, du voile, de l'islam, des musulmanes ? Il y a autant de voiles que de femmes qui le portent, chacune avec sa vie, ses espoirs, ses peurs, chacune avec son histoire particulière."

"Le voile n'est ni une abstraction ni un dogme mais le mystère d'une femme chaque fois différente."

François Ost, juriste et philosophe, a décidé de réactualiser Antigone à sa manière, en lui donnant le prénom d’Aïcha et en lui faisant porter le voile. De quoi, si besoin en était, nous rendre compte une fois de plus que l’histoire d’Antigone ne prend pas une ride et se prête à toutes nos époques.

Le voile d’Antigone est criant d’actualité et le texte propose d’intéressantes pistes de réflexion sur le mariage politique/religion et sur la liberté. Car si le voile asservit certaines femmes, n’en affranchit-il pas d’autres ? Le débat est lancé et aucune vérité suprême ne pourrait exister en la matière.
L’Antigone de François Ost est une jeune femme moderne, dont les frères Nordin et Hassan font exploser une grenade, l’un décède, l’autre est blessé. Le débat s’emballe. Islamistes ? Petits voyous ? Aïcha prend position, clame et revendique, tente de se faire une place au milieu d’une société hostile, cette société n’étant pas forcément celle que l’on montre du doigt dans les journaux télévisés. Au-delà de cette histoire, ce sont toutes les questions liées à la polémique du foulard à l’école qui sont posées. Le droit à la liberté d’expression, le respect de la laïcité, la liberté et l’émancipation féminine, la médiatisation à outrance, l’aveuglement de certains règlements, la limite entre droit privé et droit public…

François Ost ne reste pas neutre dans son propos. Il dépeint, par exemple, le directeur d’un établissement scolaire de manière caricaturale. Il conteste les règlements en vigueur (l’auteur est vice-recteur des Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles) en matière de port du voile dans les écoles, les décisions étant laissées à la libre appréciation des directeurs scolaires. Il dénonce l’association "voile = terrorisme" que de nombreux médias, relayés par des foules apeurées devant la montée des extrémismes, ont tendance à prononcer.

C’est un texte vivant et empli de force, de nombreuses interrogations qui ne peuvent laisser indifférents et doivent ouvrir la porte vers le dialogue.
Excellent François 10 étoiles

Ce cher François n'a de cesse de nous étonner... Déjà, il fait des vagues dans la presse, et voilà que nous le revoyons sur Internet ! Ca a été mon professeur à moi aussi, et je connais un petit peu, ce qui ajoute au plaisir de lire cet excellent bouquin.

Ost cède encore une fois - mais on l'aime pour ça - à son amour de la mythologie et des histoires antiques, en tirant une conclusion bien "ostienne", parfaitement dialectique, mais engagée - ce qui ne gâche rien. Joli bouquin.

Csame - Bruxelles - 39 ans - 10 février 2006


Pas une ride 7 étoiles

François Ost, le seul professeur dont je buvais les paroles à chacun de ses cours...

Transposition d'Antigone à notre époque, irruption du religieux dans la politique, débat sur le foulard, place des règlements, contours de la liberté. Une pièce de théâtre qui se lit en deux heures et qui contient tous les ingrédients pour débattre des journées entières.

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 27 juillet 2005


Bien, mais court 6 étoiles

L'actualisation d'Antigone est parfaite et les messages qui sont important dans le contexte actuel passent très bien à travers le texte. L'auteur critique l'interdiction du port du voile en France et justifie ses affirmations. Le récit est donc parfait mais il est trop court, après la dernière page, on a l'impression qu'il manque quelque chose au texte.
En résumé, c'est un bon livre trop court.

Xavier le lecteur - Arlon - 35 ans - 29 mai 2005