La Soif
de Andreï Guelassimov

critiqué par Pimousse, le 7 janvier 2005
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Singulier.
Résumé :
Constantin, dit Kostia, un jeune bidasse russe est revenu de son service militaire en Tchétchénie le visage monstrueusement brûlé après l'attaque de son tank par les boeiviki. Pour oublier, Kostia, dont le visage terrorise les enfants, va se mettre à boire comme seuls les Russes savent le faire... à mort. Suivant ainsi l'enseignement d'un peintre raté, qui lui apprit deux choses boire de la vodka sans simagrées (lui-même souffre d'une soif inextinguible) et ouvrir ses yeux au monde pour mieux le peindre. Un voyage entrepris avec deux de ses camarades partis à la recherche du quatrième rescapé de l'équipage de tankistes qu'ils formaient en Tchétchénie sauvera Kostia de la plongée dans le néant éthylique. Dans ce périple à travers les villes russes, leurs gares, leurs rues, leurs faunes, Kostia mettra en pratique la seconde leçon essentielle de son maître : apprendre à voir, donc à dessiner, donc à vivre.

Mon avis :
Cette nouvelle est belle et bien singulière.
De par le style tout d'abord. Pas de chapitrage, du texte d'un seul trait.
Par le contexte ensuite : la vie de trois jeunes russes de retour du service militaire en Tchétchénie. Ainsi que par le personnage principal. Kostia (Constantin), le visage atrocement brûlé après l'attaque de son tank.
Enfin parce qu'elle nous montre comment un Homme se sort du trou dans lequel il était tombé par une activité anodine, le dessin.

Malgré toute cette singularité, je n'ai pas réussi à me passionner pour ce livre. L'originalité fait son intérêt, relatif.
gueule cassée 9 étoiles

Le héros, Constantin (diminutif Kostia), est un rescapé de la guerre de Tchétchénie. Laissé pour mort dans l'attaque du tank où il se trouvait, il en a été sorti en dernier, parce qu’on s'est aperçu qu'il vivait encore. Grièvement brûlé au visage, il est une gueule cassée qui fait peur. Sa voisine se sert d'ailleurs de lui pour obliger son fils à aller au lit. Mais il a peu de chance de trouver l’amour un jour. Alors, bien sûr, il s’est mis à boire de la vodka, surtout que la tradition en est bien établie en Russie. Il a eu une enfance difficile, n’a guère connu son père, et a été placé dans un collège où Alexandre Stépanovitch, un professeur alcoolique, le prend sous son aile, après avoir découvert son talent de dessinateur, et lui sert de père de substitution. Il a gardé des liens avec quelques camarades tankistes. L'un d'eux, Serioja, disparaît, et les trois autres vont se lancer dans un périple pour le retrouver. Kostia boit, mais continue à dessiner, ce qui peu à peu le ramène à la vie. L'amitié avec ses camardes de combat, autant que la boisson ou le dessin, lui permettent de dominer ses souffrances morales.

Ce n’est pas un un éloge de l'alcoolisme. Sinon ce serait insupportable, déjà que les retours en arrière sur la guerre en Tchétchénie sont assez atroces. C’est un roman d'une grande densité, et d’une certaine manière, une leçon de vie.

Toutefois, à lire quand on est en bonne forme

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 12 novembre 2020


Rebondissement dans le passé 9 étoiles

La lecture rapide de cet ouvrage m'a permis de constater de nombreux points importants qui m'ont personnellement attiré et dont je voudrais vous faire part.

Tout d'abord, l'auteur évoque brièvement la guerre entre la Russie et la Tchétchénie. La description de cette guerre terrible m'a poussé à effectuer des recherches et à en savoir plus à ce sujet.

Ensuite, l'histoire m'a semblé si réelle, si vraie que je n'ai pas pu décrocher de l'ouvrage. Plongé dans dans la peau du personnage j'ai ressenti au plus profond de moi-même l'impact de conséquences néfastes qu'une guerre peut engendrer. De ce fait, un conflit peut parfois anéantir la vie tout entière d'une personne et ainsi la transformer en mort vivant. Le vocabulaire et la simplicité des phrases m'ont d'autant plus incité à achever l'histoire en deux heures seulement.

Pour conclure, j'aimerais mettre l'accent sur un point qui m'a beaucoup intrigué. Tout au long de ma lecture, le fait qu'on passe du présent au passé et inversement m'a tout de suite un peu "déboussolé" d'où le titre de ma critique. A mon avis, le but recherché par l'auteur est que le lecteur arrange l'histoire à sa manière et ainsi mette de l'ordre dans l'esprit d'un homme dont la vie a été définitivement détruite.

Bogoss2009 - - 33 ans - 13 novembre 2009


Blessure de guerre 7 étoiles

Revenu de la guerre de Tchétchénie avec un visage brûlé, Kostia boit de la vodka pour oublier. Il sort de ce marasme lorsque deux compagnons de guerre viennent le chercher pour partir à la recherche du dernier membre de l'équipage du tank où ils ont failli laisser leur peau. Mais surtout il va retrouver le goût du dessin et se réconcilier avec son passé.

J'ai eu du mal à terminer ce livre, pourtant court, j'ai dû m'y reprendre à trois fois. Le récit m'a paru confus et je n'accrochais pas au style de l'auteur, trop abrupt. Le récit ne sonne pas vrai, excepté lorsque Kostia aborde sa passion du dessin. La fin est très réussie cependant.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 29 avril 2005


Quoi ma gueule ! 10 étoiles

Drôle de gueule en effet que celle de Kostia. Désormais, il faudra faire avec. C’est ce qu’il lui en reste au sortir de cette maudite guère Tchétchène.
Un avant et un après.
Avant, c’est quand il était ce fils qui vivait avec une mère abandonnée par ce père qui préférait jouer au foot avec cette belle blonde aux cheveux long, sous les yeux jaloux de sa mère, pour, ensuite les laisser à leur devenir.
Après, c’est cette vie recluse pour ne pas être à la vue de tout un chacun.
Il passe de la gueule brûlée à la gueule de bois. De ce passé pas franchement gai à cet avenir pas vraiment réjouissant.
Il est lié à ses comparses, tankers tout comme lui dans cette fameuse journée. Unis par l’horreur et la culpabilité. D’ailleurs, il y en a un qui dérive plus que les autres. Il faut le retrouver.
J’ai adoré son écriture à la fois touchante et ironique parfois. De belles phrases porteuses de vérités que j’ai lu et relu. Des questionnements existentiels bien illustrés, tout en subtilité. A l’inverse de Pimousse, ce petit livre m’a transporté et m’a touché. Un petit bijou de littérature. Vraiment j’ai eu le coup de foudre.
C’est, en quelques sorte un roman initiatique.

THYSBE - - 67 ans - 19 mars 2005