Didgeridoo
de Frédéric Marais

critiqué par Eric Eliès, le 8 décembre 2024
( - 50 ans)


La note:  étoiles
En Australie, aux premiers temps du monde...
Envoûtant ! Ce livre, au format d’un grand livre d’images pour enfants, nous immerge dans les premiers temps du monde, en Australie, quand le ciel était si bas que nul ne pouvait se tenir debout et que les crocodiles avaient mangé toutes les étoiles ! Le texte (quelques lignes à chaque double page) se lit en quelques minutes mais chaque image, qui occupe deux pages en pleine page, captive le lecteur par sa mise en scène et, surtout, par une mise en couleurs déroutante qui joue sur les contrastes entre un bleu nuit très profond, un rouge orangé assez sombre et le blanc. Comme sur le dessin en couverture, on a l’impression d’être le témoin d’une scène primitive éclairée par la lumière rasante d’un grand feu…

Le récit est très bref : il évoque comment un jeune garçon, ayant découvert un morceau de bois très dur, eut l’idée de l’utiliser pour rehausser le ciel. Quand le ciel fut suffisamment haut pour que les kangourous puissent sauter et que les plantes puissent croître, il monta à la cime d’un arbre et repoussa encore le ciel pour que les montagnes puissent s’élever. Alors il grimpa au sommet de la plus haute montagne (représentée plus allongée que haute comme le mont « Uluru ») et repoussa le ciel encore plus haut. Puis, soufflant dans son bâton pour le nettoyer des insectes, il inventa la musique et peupla le ciel des insectes soufflés hors du bâton, qui devinrent les étoiles… Je ne sais si le récit est fidèle à une légende australienne du didgeridoo mais il est très joliment illustré d'une d'images pleine page. L’auteur a fait le choix de ne pas reprendre le style singulier de l’art aborigène (comme les représentations pointillistes illustrant le temps du rêve) ni d'évoquer le temps du rêve mais la couleur rouge-orangé fait songer aux terres rouges d’Australie et le bleu nuit qui nimbe chaque image lui confère une dimension mystérieuse, presque onirique.

Ce livre, entre album illustré pour la jeunesse et livre d’art, intéressera peut-être les lecteurs adultes davantage que les enfants, qui risquent d'être décontenancés par le style de l'auteur… Par ailleurs, on le lit en quelques minutes et on se prend à rêver d’une bande dessinée aux accents de mythe, qui reprendrait les codes de ce dessin.