Le crime parfait d'Agatha Christie
de Bénédicte Jourgeaud

critiqué par Koolasuchus, le 7 décembre 2024
(Laon - 35 ans)


La note:  étoiles
Fatale confiture
Décembre 1926, après avoir appris que son mari la trompait, Agatha Christie décide de quitter l'Angleterre quelques temps et de partir à l'étranger. A la suite d'un défilé de circonstances imprévues, elle se retrouve sous un faux nom dans un groupe de voyage à destination de la Turquie. La plupart de ses compagnons ont des personnalités extravagantes et semblent chacun cacher bien des secrets mais comme si cela ne suffisait pas voilà qu'une tentative de meurtre et deux assassinats ont lieu sur le bateau dans lequel Agatha voyage. La situation n'est déjà pas bien terrible mais là où cela empire c'est que la manière dont les meurtres ont eu lieu correspondent à certains qu'elle a imaginés mais encore non publiés. Devenant très vite la principale suspecte, Agatha se demande donc si l'assassin ne chercherait pas à lui faire porter le chapeau et n'a donc d'autre choix que de s'improviser détective si elle souhaite prouver son innocence...

Le point de départ de ce roman se base sur un événement qui est véritablement arrivé à Agatha Christie. En effet, à la suite de la découverte de l'adultère de son mari, la reine du crime disparaît sans donner aucune nouvelle. Sa voiture est retrouvée abandonnée et une grande campagne de recherche est alors lancée. Agatha ne sera retrouvée qu'une dizaine de jours après dans un hôtel affirmant avoir perdu la mémoire et ne sachant pas ce qu'elle a fait durant ce laps de temps. Jusqu'à la fin de sa vie l'autrice ne lèvera pas le voile sur ce qu'il s'est passé durant ces dix jours et encore aujourd'hui on ne sait pas ce qu'il est réellement arrivé et si son amnésie était vraie ou simulée. Bénédicte Jourgeaud imagine ainsi ce qu'il s'est déroulé durant cette période en faisant d'Agatha Christie à la fois une suspecte et une enquêtrice. Fourmillant de référence à son œuvre c'est un roman qu'il faut donc peut-être lire quand on connaît déjà bien ceux de l'autrice car il est assez riche en clins d’œil et dévoile quelques éléments clés de certain de ses romans tels que Le Train Bleu ou Le crime de l'Orient-Express.

Appréciant beaucoup les romans d'Agatha Christie en règle générale, ce livre m'avait donc évidemment interpellé et s'est révélé bien plus surprenant que ce à quoi je m'attendais. En effet le début commence comme un roman policier de facture assez classique avec une galerie de suspects variées, un décor exotique et des meurtres intrigants, puis, au fur et à mesure de l'intrigue on se rend compte que tout n'est peut-être pas aussi « simple » que cela et l'on fini par se demander si Agatha est véritablement la personne innocente qu'elle semble être. Cette dernière est d'ailleurs assez fidèle je pense à la vraie car même si elle n'est pas toujours très attachante cela est compensé par son caractère bien trempé et des plus britannique qu'il soit. Pour ce qui est du récit, celui-ci se suit très bien même s'il a parfois tendance à tourner en rond de temps à autre. C'est cependant la dernière partie qui m'a le plus surpris et qui, je dois bien l'avouer, m'a laissé un sentiment assez partagé. D'un côté j'en salue l'originalité et il fallait oser partir dans cette direction mais d'un autre je la trouve peut-être un peu trop « facile ». Difficile de trop en dire sans la dévoiler mais j'ai refermé ce roman avec un sentiment tout de même un petit peu mitigé.

Globalement je ne peux pas dire que j'ai été déçu de cette lecture, pas totalement emballé non plus certes mais je suis quand même loin d'en être mécontent. Après tout cela reste très sympathique de suivre pour une fois Agatha Christie directement et non l'un de ses détectives et ce roman propose une théorie plutôt crédible au final sur sa fameuse disparition. Un récit qui réussit donc plutôt bien à rendre hommage à la reine du crime mais qui m'aura quand même laissé un peu perplexe sur certains points.