Déchet homo
de Serge Basso de March

critiqué par Débézed, le 3 décembre 2024
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Détournements de mots
Dans le précédent recueil que j’ai lu, Serge proposait, comme l’indique le sous-titre de ce recueil : des « Aphorismes bancals, (des) Proverbes bancroches et (de) petites phrases décalées ». Dans ce nouveau recueil, il propose cette fois des « déchets homo » qui restent avant tout des déchets, peut-être les déchets des phrases et expressions qu’il parodie, déforme, détourne pour leur donner un tout autre sens ? Ce nouveau recueil semble un peu plus drôle, plus humoristique, il engendre de véritables envies de rire chez les lecteurs en proposant des familles de mots recomposées qui s’accommodent souvent mieux que les familles humaines de la même nature et des jeux de mots savoureux comme celui-ci : « La bataille des champs catalauniques a dressé les Huns contre les autres ».

Serge a largement puisé dans le langage populaire pour construire ses aphorismes mais sa grande culture lui a aussi fourni de nombreuses idées tout comme la mythologie grecque qu’il semble bien connaître. Il a ainsi produit de nombreux jeux de mots comme ceux-ci que j’ai relevés pour leur finesse et leur drôlerie :
« Je préfère être propre à rien que sale en tout »
« Couper les cheveux en quatre n’empêche pas de friser l’indécence »
« Quand la femme-tronc pète, le joueur de flageolet n’est en rien responsable »

J’ai aussi été très intéressé par la philosophie très personnelle de Serge, par ses maximes, ses réflexion, …, qui malgré leur légèreté, leur drôlerie, …, cachent souvent un réelle profondeur d’esprit :
« Vieillir c’est accepter le corps et ne pas rendre l’âme »
« Les prophètes sont rarement des pro fêtes »
« Est-ce qu’un cercle vicieux se tripote le Py »
« Il est des banquets, entre amis, où je n’inviterais pas Platon ».

Le détournement d’expressions populaires est, je l’ai déjà souligné, une des spécialités de l’auteur, j’ai retenu celle-ci :
« Il n’y a pas de contradiction à ce que le premier venu soit le dernier des imbéciles »

Je ne saurais conclure sans souligner les illustrations humoristiques et pleines de finesse de Didier Agatosthène, comme le dit l’éditeur : « … Il s’escrime à dessiner des histoires qui remettent le monde à sa place… »

Et pour terminer avec Serge, j’abonde dans le sens de cette maxime finement détournée et pleine de bon sens : « Entre deux mots il ne faut pas choisir le moindre » ! Eh oui !