Un monde immense: Comment les animaux perçoivent le monde
de Ed Yong

critiqué par Colen8, le 2 décembre 2024
( - 83 ans)


La note: étoiles
Les riches espaces sensoriels du règne animal
Chaque espèce proche ou lointaine vit dans un monde propre(1) resté inaccessible ou presque à l’esprit humain pendant fort longtemps. La puissance des moyens actuels aux fins d’observation, d’investigation, d’expérimentation toutes échelles de taille confondues sont là pour lever une part du voile. Une part seulement car l’étude fine des fonctions sensorielles animales révèle bien des surprises par leurs performances souvent très supérieures aux nôtres. Leur diversité se manifeste partout des invertébrés créatifs comme les poulpes aux mammifères déjà réputés pour leur intelligence.
Aux merveilles neuroanatomiques identifiées de longue date, celles de l’ouïe, de l’odorat, du goût, du toucher et de la vision, viennent se greffer autant d’autres espaces sensoriels dans l’air, dans l’eau et même souterrains. Frisant le paranormal, que ce soit pour se reproduire, se nourrir, s’orienter, communiquer, leurs sens et perceptions se combinent à l’infini. Ainsi sont utilisées la chimie des odeurs, l’infrarouge et l’ultraviolet pour les couleurs, les infra et ultrasons dans les écholocalisations, les émissions-réceptions de vibrations, de pressions, de champs électriques et magnétiques.
Confiné à cause de la pandémie Covid-19 le journaliste Ed Yong a mis à profit cette immobilisation forcée pour présenter une synthèse aboutie des connaissances et tenter de répondre à l’ambitieuse question de savoir si l’on peut se mettre à la place des animaux. Il s’est servi à la fois de ses rencontres antérieures avec des spécialistes passionnés et du dépouillement de centaines de publications scientifiques. Moyennant quoi il dénonce les extinctions massives de ces espèces dont il reste encore tant à apprendre. Deux cahiers hors texte de photos couleur viennent illustrer la diffusion de ce savoir éminemment technique.
(1) Désignant au choix l’environnement sensoriel, la perception aussi dénommée sentience, «l’Umwelt » du zoologue germano-balte Jacob von Uexküll (1864-1944).