L'honorable collectionneur
de Lize Spit

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 11 novembre 2024
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Amère bienveillance
Une famille nombreuse qui a fui le Kosovo se retrouve en Belgique flamande. Jimmy, un jeune garçon est alors mandaté pour s’occuper de l’intégration de Tristan, le jeune kosovar de cette famille nouvellement arrivé dans sa classe. Jimmy s'implique pleinement pour aider Tristan avec la langue et autres apprentissages. La présence de cet ami l’enchante, lui qui est plutôt un premier de classe solitaire. Mais voilà, tout bascule lorsque la famille en exil reçoit un avis d’expulsion du gouvernement.

Malgré la brièveté du livre, Lize Spit illustre bien comment les expériences des réfugiés résonnent dans leur vie quotidienne. Ils sont terrifiés par les bruits forts et se figent de peur lorsqu'ils aperçoivent un facteur (en uniforme). De même, elle possède un grand talent pour parler de l’enfance. Le petit Jimmy est un avide collectionneur de rondelles « flippos » que l’on retrouve dans les sachets de croustilles. Autour de cette passion, elle décrit admirablement toutes les petites manies du gamin, sa vision du rationnel et ses émotions.

Par contre, le style n’est pas fluide. On y retrouve une utilisation étrange du passé composé. Le ton est distant, sombre et le récit souffre d’une absence d’explications de certains événements.
Inspiré d’un fait divers avec une fin heureuse, le roman emprunte plutôt la voie du faux thriller social. En dépit de ses faiblesses, ce court texte fait tout de même preuve d’une belle tension qui permet de nous garder en alerte jusqu’au cruel dénouement.


Ce ‘Novella’ a été publié originalement en 550 000 exemplaires dans le cadre de la semaine du livre en 2023. Un auteur néerlandophone est invité à écrire un roman spécialement pour l’occasion, à savoir le « cadeau de la Semaine du livre ». Pendant toute la semaine, ce livre-cadeau est alors offert aux personnes qui achètent un livre en librairie.