Lettre ouverte à Francois Truffaut
de Eric Neuhoff

critiqué par Bookivore, le 8 novembre 2024
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Hommage à un grand
Eric Neuhoff est un écrivain et journaliste, critique de cinéma (romancier à ses heures, aussi), et dans un de ses précédents opus, "Très cher cinéma français", il se désespérait devant le spectacle affligeant (selon lui, mais il n'est pas le seul à le penser...) qu'offre le cinéma français depuis plusieurs années : un cinéma sans éclat, des films sans intérêt, mal joués ou réalisés, mal écrits, dotés de budgets exagérés, des productions qui ne vont nulle part. Avec un petit côté passéiste (rendez-nous le cinoche d'Audiard, de Lautner, de Sautet, de Truffaut ou de Bébel et Delon, en gros) qui déplaira à certains, et plaira à d'autres (dont moi, né en 82, qui vit sa passion pour le cinéma et la musique quasi exclusivement dans les années 60 et 70 pour la musique, et jusqu'aux années 80, en gros, pour le cinéma).

Ce livre est reparu récemment, mais date, initialement, de 1987. Il était épuisé, ce qui a poussé Albin Michel et l'auteur à le rééditer (avec une nouvelle préface ; je ne connais pas l'ancienne) en cette année 2024 qui marque les 40 ans de la mort de François Truffaut. Truffaut est mort un 21 octobre, date importante pour moi, car j'avais 2 ans ce jour-là. Un dimanche, lui dont le dernier film s'appelle "Vivement dimanche". Neuhoff est un grand fan (il parle de truffaldite aiguë, le concernant) de Truffaut, qu'il n'a quasiment jamais rencontré : il dit qu'il l'a vu, en 1983, dans une salle de ciné, durant une projection, mais n'a pas osé lui parler ; c'est con, mais c'est la vie, Neuhoff ne pouvait pas se douter qu'un an plus tard environ, Truffaut serait mort. Ce livre court, 135 pages, est sa manière d'entrer en contact avec lui, une longue lettre ouverte, l'oeuvre d'un fan, d'un passionné, qui a bien du mal à digérer (s'il l'a digérée) la mort de son réalisateur de chevet.
Truffaut était un grand, on ne va pas se mentir. Si on met de côté, à la rigueur, "Une Belle fille comme moi" de 1972, aucun de ses films n'est à négliger. Cycle Antoine Doinel, "Les 400 coups", "L'Enfant sauvage", "Le Dernier Métro", "Fahrenheit 451", tous sont de vraies merveilles, drôles ou tragiques, adaptées de romans (parfois dits "de gare") ou basés sur des scénarios originaux.

Ce court livre se lit comme une flèche (celle de la couverture de l'édition originale ?), et donne envie de se plonger dans l'univers truffaldien (bienheureux veinards), ou de s'y replonger. C'est une déclaration d'amour de Neuhoff envers ce réalisateur et son oeuvre, une peinture amusante (le style de Neuhoff, néo-hussard, y est pour beaucoup) d'une certaine époque, parsemée de quelques piques envers certains.

La préface semble, aussi, nous dire que ce n'est pas plus mal que Truffaut n'ait pas vécu les 40 années passées depuis sa mort (il est mort à un âge jeune, cinquante ans environ, de maladie) : lui qui semblait en déphase avec son époque parfois (Neuhoff ne l'imagine absolument pas le smartphone vissé aux oreilles) n'aurait pas supporté de vivre dans une aussi conne époque actuelle. Il l'a échappé belle tout en devenant, plus que jamais, une icône d'un certain cinéma.