Histoire juive de la France
de Sylvie Anne Goldberg

critiqué par Colen8, le 5 novembre 2024
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Fierté et dignité
1790-1791 : l’Assemblée constituante instaure la pleine citoyenneté de tous les Juifs vivant sur son territoire(1) en leur accordant l’égalité des droits par un décret d’émancipation. Cet élan universaliste de la Révolution constitue un tournant majeur succédant à des siècles de flux et de reflux de générations juives parfois tolérées, plus souvent stigmatisées et persécutées avant d’être expulsées(2) pour s’en accaparer les biens.
Les stéréotypes antisémites entretenus en partie par l’Eglise qui s’expriment après l’Empire et la Restauration prennent de l’ampleur lors de la Commune, de l’affaire Dreyfus, sous l’effet de la forte immigration venant de l’Est et de l’Empire russe. Le patriotisme des Juifs pendant la première Guerre mondiale ne leur sera d’aucun secours vingt ans plus tard sous le régime de Vichy durant lequel nombre d’entre eux rejoindront la Résistance.
Malgré la tragédie de la Shoah, les nouvelles vagues migratoires arrivant des pays du Maghreb à la suite des indépendances font des Juifs Français la première population européenne après celle d’Israël. Grâce à eux, l’après-guerre a vite été caractérisé par une grande richesse de créations en littérature, musique, danse, théâtre, chanson, peinture, cinéma, philosophie, science et jusqu’à la BD.
De l’antiquité gallo-romaine(3) à la fin du siècle dernier voici une fresque encyclopédique monumentale. Emanant de 150 contributeurs/trices, d’origines et de profils divers elle invite la recherche universitaire à approfondir les apports des Juifs au patrimoine culturel mondial. Au fil des conquêtes, des héritages et des annexions de territoire les œuvres de milliers de figures juives marquantes ayant vécu ou séjourné en France et s’exprimant en français, hébreux, yiddish, judéo-arabe, judéo-espagnol ont ainsi été transmises.
(1) 40 000 Juifs environ sur 28 millions d’habitants, dont 80% d’Ashkénazes conservateurs concentrés autour de Metz sur la Lorraine et l’Alsace, 12% de Séfarades déjà plus assimilés dans la région Aquitaine, les derniers établis dans le Comtat Venaissin soumis au Pape et dans le Midi provençal.
(2) En 1182 par Philippe Auguste suivie d’un rappel en 1198, en 1306 par Philippe le Bel puis rappel en 1315, à nouveau en 1394, ensuite à plusieurs reprises entre 1477 et 1501…, communautés indépendantes reconstituées entre la Renaissance et la fin de l’Ancien Régime.
(3) Vestiges disparates de présence juive d’avant l’ère commune jusqu’aux mérovingiens : lampe à décor menora, sarcophage, sceau, bague, stèles funéraires.