La Route du Donbass
de Sergìj Vìktorovič Žadan

critiqué par Tistou, le 31 octobre 2024
( - 68 ans)


La note:  étoiles
L’Ukraine comme elle allait en 2010
Serhiy Jadan est un artiste poète – romancier – chanteur de 50 ans, bien implanté auprès des jeunes générations ukrainiennes à ce que je comprends.
La route du Donbass est un roman du quotidien, déglingué, aussi déglinguée que semble la vie en Ukraine, au moins la vie avant l’invasion russe. Depuis … je n’ai même pas de mots !
Nous suivons les tribulations de Guerman, qui s’est sorti de sa petite ville genre trou-du-cul-du-monde, pour vivre une vie qu’on aurait du mal à qualifier de normale en Occident mais qui a le mérite de le faire vivre correctement dans une grande ville ukrainienne, et qui soudain se voit contraint de retourner là-bas pour comprendre pourquoi son frère a disparu – parti à Amsterdam ? on ne le saura pas finalement, il a pu tout aussi bien être éliminé ! – et pour reprendre en main une minable affaire de station-service au milieu des plaines à blé et maïs du Donbass.
Serhiy Jadan nous fait découvrir les réalités post-soviétiques de l’Ukraine par ricochet, et le moins qu’on puisse en dire c’est que ça ne fait pas rêver. « Glauquitude », désespoir, résignation, combines, oligarques, absence de structures dignes de ce nom, débrouille instituée en mot d’ordre … Mais aussi force de l’amitié et du sentiment d’appartenance à une communauté, c’est ce qui va arriver à Guerman, venu pour régler des problèmes (dont on ne connaîtra finalement pas trop ni les tenants ni les aboutissants) et confronté finalement à ses souvenirs d’enfant puis de jeune homme, retrouvant ses amis, les membres de son équipe de football, et finalement rebasculant dans une vie dont on a du mal à discerner un sens.
Rien de lumineux dans cette lecture mais j’ai peur que ça reflète la réalité du pays, de cette époque (2000 – 2010). Maintenant …
Que peut-on espérer dans ce contexte ? Bien malin qui peut le dire. Pas moi en tout cas.
Même si le glauque et le misérable dominent dans cette lecture, ça en vaut la peine par l’aperçu que ça donne sur cette société et la réalité du pays. Et la description des paysages de ces plaines couvertes de blé ou de maïs n’est pas à proprement parler un dépliant touristique pour attirer les visiteurs ! L’écriture n’est pas flamboyante mais l’auteur sait trouver les formulations et générer les images propres à nous plonger dans ce monde ukrainien.
Je vais essayer de trouver d’autres ouvrages de Serhiy Jadan …