Exercices à trous
de Marc-Émile Thinez

critiqué par Débézed, le 31 octobre 2024
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Pour en sortir
Dans ce nouvel opus protéiforme , Marc-Emile Thinez, le polymathes des lettres, se livre à une étude exhaustive autour du thème du « trou » qui commence par ces quelques vers très libres : « il sait assez bien ce que c’est qu’/une figue // je ne sais pas trop ce qu’est / un trou // pourtant j’en sors », avant de lister toutes les acceptions et synonymes du terme, dans diverses langues, dans divers langages et même dans l’histoire depuis le fond des temps. En prose ou en vers, l’auteur l’évoque dans des textes inspirés de l’œuvre de Baudelaire, Villon, Gainsbourg et d’autres encore.

Il réserve un long espace qu’il occupe par de la prose ou des vers, pour évoquer le trou quand il est utilisé dans une expression qui prête souvent à confusion : « Le Trou de Madame » : nom d’une abbaye ruinée dans les Landes, vers qu’il écrit d’après des œuvres littéraires classiques, image métaphorique d’où sortirait la vérité toute nue ou plus ludiquement un jeu pour dames inventés au XVII) siècle. Et s’en suit toute une série d’expressions, de circonstances, d’occurrences dans lesquelles le mot trou est fort usité : le trou dans la chaussée, le trou perdu dans la cambrousse, le trou gascon (ou normand selon la région), le trou dans le trou, le trou de mémoire, Et le trou dans la chanson, dans le langage plutôt ordurier, etc…, le trou est plus souvent un concept, une image, une allégorie, qu’une réalité intangible comme on le pense a priori.

L’auteur ne résiste pas non plus à évoquer certaine coquinerie très populaire dans le langage un peu trivial : « cherchant mon âme / dans le trou / (autant là que dans l’autre) / j’ai découvert la boue / depuis que je m’y vautre // madame ».

Ce recueil est le produit d’un gros travail de linguistique, de sémantique, de vocabulaire mais aussi de de graphisme, de mise en page (travail sur la forme du texte, sur les césures, …), Une véritable monographie du trou dans le langage français en débordant un peu sur d’autres langages.

Pour conclure n’oublions pas que « Nous venons tous du trou de madame »