Notre-Dame, des écrivains et des pierres
de Collectif

critiqué par Débézed, le 28 octobre 2024
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Monument de pierres et de mots
Martyrisée par les flammes Notre-Dame de Paris, tel le phénix, renaît de ses cendres et retrouvera bientôt toute sa splendeur. Pour fêter cette renaissance, c’est mon interprétation de cette publication, Julie Maillard, dans sa collection Mirkos classique des Editions de l’Aube, édite un recueil d’une trentaine de textes écrits par vingt-cinq auteurs appartenant au patrimoine classique littéraire francophone du XIX° siècle et du début du XX° siècle. Cette liste d’auteurs commence par Honoré de Balzac, Théodore Banville, Charles Baudelaire et s’achève par Eugène Sue, Paul Verlaine, Emile Zola en passant par Théophile Gautier, Jules Laforgue, Charles Péguy et de nombreux autres encore. Pour souligner ces textes déjà fort brillants, l’éditrice a ajouté une douzaine d’illustrations qui montrent la cathédral telle qu’elle était à diverses époques tant dans son architecture que dans sa présence artistique et spirituelle.

Ce recueil comporte surtout des poèmes qui évoquent tous, évidemment, la cathédrale emblématique de la France, ce lieu où ses élites se retrouvent pour se rassurer quand l’histoire est trop violente et qu’il faut se serrer les coudes devant l’adversité. De nombreux auteurs évoquent la spiritualité du lieu parfois même au-delà de son symbole religieux. Beaucoup aussi évoquent le site, l’île qui semble enserré le monument, cette image que j’admire chaque fois que je passe sur le Pont d’Austerlitz pour regagner la gare où je prends le train qui me ramène dans ma province. Le cœur de la France semble battre au sein de ce monument ancestral chargé d’une symbolique religieuse, spirituelle, artistique, patriotique, … et j’ajouterai romantique et lyrique.

Ce recueil avec ses textes et ses illustrations est un guide précieux pour tous ceux qui se battent encore pour redonner à la fière cathédrale sa présence, sa majesté, son lustre et son âme en espérant qu’elle ne connaisse plus jamais la foudre des hommes comme l’écrivait déjà Victor Hugo en 1831 : « Si nous avions le loisir d’examiner une à une avec le lecteur les diverses traces des destructions imprimées à l’antique église, la part du temps serait la moindre, la pire celle des hommes, surtout des hommes de l’art…. ». Jules Michelet, un demi-siècle plus tard, avait lui une belle confiance en ce monument de pierres et de mots : « Quelqu’un a marqué ce monument d’une telle griffe de lion, que personne désormais ne se hasardera d’y toucher. C’est sa chose désormais, c’est son fief ; c’est le majorat de Quasimodo. Il a bâti, à côté de la vieille cathédrale, une cathédrale de poésie, aussi ferme que les fondements de l’autre, aussi haute que ses tours ».

Dans les pierres et dans les textes, dans l’âme et la culture, du peuple de France, la cathédrale Notre-Dame de Paris est depuis des siècles le pilier immuable, éternel, autour duquel gravitent notre culture, notre spiritualité, le pilier à l’ombre duquel nous pensons, méditons, créons et reprenons confiance quand la conjoncture n’est pas favorable.